Réfugié en France en janvier 2012, sans parler un mot de français, Haytham al-Aswad a aujourd’hui entamé des études scientifiques. C’est cette formidable histoire qui nous est livrée en BD.
Haytham al-Aswad est né il a 20 ans dans la ville syrienne de Deraa, alors un bastion du régime Assad, qui avait donné nombre de hiérarques au père Hafez comme au fils Bachar. C’est la terrifiante violence de ce régime et son acharnement sur quelques enfants irrespectueux qui fait basculer Deraa, en mars 2011, dans l’opposition ouverte. Cette ville assoupie, proche de la frontière jordanienne, devient du jour au lendemain le « berceau de la révolution syrienne ».
Le jeune Haytham est un passionné d’échecs, classé meilleur joueur de Deraa (photo ci-dessus). Au printemps 2011, il participe à l’agitation dans son lycée. Il se joint surtout aux manifestations de rue, qui procurent un sentiment de liesse extraordinaire, dans un pays jusque-là cadenassé par la répression. Ayman al-Aswad, le père de Haytham, est un militant de la gauche laïque, à qui son refus de se soumettre à la dictature a coûté son poste d’enseignant. La famille Aswad ne tarde pas à être la cible de la police politique, ce qui contraint Ayman à fuir vers la Jordanie, puis à obtenir l’asile politique en France. Il est rejoint en janvier 2012 par Haytham, sa mère et son frère. […]
Haytham est bel et bien « intégré » au bout de quatre ans et demi dans notre pays. Son baccalauréat S, avec mention bien, décroché en juillet 2015 au lycée Honoré-de-Balzac de Paris, a intéressé certains médias. Haytham, dont la famille est désormais installée dans l’Essonne, poursuit aujourd’hui les études scientifiques de ses rêves. […]
Le Monde