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Reportage de Karen Lajon du JDD, envoyée spéciale à Kansas City, sur le remplacement des “petits Blancs” par les Latinos. L’article évoque une “latino parano”.

Avec son discours xénophobe, Donald Trump séduit toute une frange de déclassés qui se sentent “envahis par les Mexicains”.

A l’ombre de la peur. Olathe, comté de Johnson, à la limite du Missouri et du Kansas. Un petit condensé de l’Amérique d’aujourd’hui et peut-être de demain. Santa Barbara Estates, sur la route qui mène à Santa Fe, un complexe immobilier coquet et plein de promesses.

Il y a dix ans, près de 100% de Blancs vivaient dans ce parc de caravanes et de mobile homes. En 2016, les Hispaniques constituent 75% des résidents. Les pionniers blancs de ce bout de rêve américain se voient désormais en martyrs d’une civilisation à la disparition programmée. Santa Barbara Estates est devenu leur Fort Alamo.

Et c’est à eux que s’adresse le candidat républicain, Donald Trump. A eux, ces Blancs qui en 2050 deviendront, selon les projections démographiques, une minorité par rapport à l’ensemble des autres communautés, noire, asiatique et hispanique. Un très mauvais calcul si le milliardaire souhaite entrer à la Maison-Blanche.Trump a besoin de 35% du vote latino s’il veut être élu, explique Carlos Gómez, président de la chambre hispanique de commerce de Kansas City. Il ne les aura jamais.” Tout comme il a peu de chances de grignoter les 30% d’électeurs enregistrés sur les listes en tant qu’indépendants. “Les Hispaniques ne veulent pas d’un mur entre le Mexique et les USA. Ou qu’on les insulte, souligne Michael Barrera, un leader local pourtant conservateur de la communauté hispanique. Vous croyez que les gens vont élire un homme qui les insulte depuis des mois?

Les chiffres sont vertigineux. Au cours des quinze dernières années, dans le seul comté de Johnson, le nombre d’hispanophones a doublé alors que la population restante n’a augmenté que de 3%. Ici, les Blancs n’ont pas attendu Trump et ses invectives, ils quittent les lieux depuis une décennie. […]

A la résidence Grand View, côté Missouri, c’est la même histoire. L’hémorragie des Blancs a commencé il y a dix ans. Aujourd’hui, 65% d’Hispaniques occupent la résidence de Daisy Appartments. La propriétaire est une Américaine blonde et bien en chair qui assure que les locataires sont tous en situation régulière. Hugo López, 34 ans, son intendant depuis treize ans, est plus gêné. Avec réticence, il concède que les nouveaux habitants restent peu. “Ils viennent avec des visas de touriste et puis bon, vous voyez, ils restent mais ils vont habiter ailleurs+”, s’empresse-t-il de conclure. Hugo López sait beaucoup mais dit peu. “ C’est sûr, la police ne nous lâche pas mais, du coup, le taux de criminalité est faible. Il explique qu’au début, il n’y avait qu’un garage, tenu par un Blanc. Aujourd’hui, il y en a six et les noms sont tous à consonance hispanique. Il aime bien. On a nos coutumes, on aime un certain type de nourriture, même notre Fanta vient de Mexico. Plus sucré, meilleur…

Le JDD

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