La polémique ne cesse d’enfler depuis l’ouverture de La Citadelle dans le centre de Lille. Cet établissement qui se présente comme un cercle privé a été inauguré le 24 septembre dernier par Aurélien Verhassel, 31 ans, chef de file de la cellule locale du mouvement Génération identitaire. Le lieu était, en réalité, ouvert aux adhérents de l’association La Citadelle depuis janvier 2015. Malgré l’hostilité des associations “antiracistes”, les pouvoirs publics ont peu de moyens juridiques pour le faire fermer.
“Nous avons juste voulu fêter la fin des travaux d’aménagement car lorsque nous avons pris possession du local, c’était une ruine“, explique Aurélien Verhassel, fondateur en 2002 des Jeunesses identitaires de Flandres et du Hainaut.
[…] “Ces individus qui se prétendent identitaires n’ont visiblement rien compris à ce qui fonde l’identité du Nord“, confie, pour sa part, Dominique Sopo, président de SOS Racisme, lui-même originaire de Valenciennes. […]
Une pétition lancée par Josiane Dabit, conseillère municipale Europe Écologie-Les Verts (EELV), a, à ce jour, recueilli plus de 67 000 signatures hostiles à ce bar identitaire. Elle sera remise prochainement à la maire de Lille et au préfet de région, Michel Lalande.
Face à ce vaste mouvement populaire, seul Philippe Eymery, conseiller régional et élu municipal dunkerquois (FN), a apporté son soutien à l’initiative. Il est vrai qu’Aurélien Verhassel et lui se connaissent de longue date. Le jeune “identitaire” ayant été conseiller-presse de l’élu frontiste. “Je suis pour la liberté de réunion. C’est un club privé…“, a déclaré Philippe Eymery dans les pages de La Voix du Nord, ajoutant qu’il viendrait “certainement” dans le club lillois.
Martine Aubry, tout en dénonçant l’ouverture de ce cercle, a reconnu dans le même temps que sa marge de manœuvre est réduite. “C’est un club privé, géré par une association autorisée“, observe-t-elle. “Si l’on constate des troubles, des provocations, ou des atteintes à la loi, on répondra. Ça ira du procès-verbal jusqu’à la fermeture“, ajoute-t-elle, soulignant “être extrêmement attentive” sur ces points. Mais son entourage reconnaît sans ambage que les leviers juridiques manquent pour “aller plus loin“.
Même son de cloche à la préfecture où l’entourage de Michel Lalande, préfet du Nord (et des Hauts-de-France), rappelle que la réglementation applicable à un “ cercle privé ” limite ses moyens d’action. Il avait reçu un courrier virulent du député communiste Jean-Jacques Candelier, le 27 septembre, dénonçant l’absence de réaction des services de l’État face à ce “ lieu ségrégationniste ” qu’il compare à une “ boîte de Pandore “…
Des contrôles de fonctionnaires ont eu lieu, à la fin de l’été, pour s’assurer que l’établissement se conformait bien à la réglementation des débits de boisson. “L’ouverture d’un club comme La Citadelle est régie par l’article 1655 du code général des impôts mais aussi par des dispositions du code de la santé publique“, justifie-t-on dans l’entourage du préfet. Aurélien Verhassel s’en est plaint dans le journal Présent, paru le 5 octobre. Il y dit s’étonner d’avoir subi une visite de la “sûreté urbaine pour le débit de boisson alors que La Citadelle est un local associatif“. Et il regrette qu’on lui “colle” la même législation que les cafés et bistrots avec toutes les contraintes que cela comprend en termes de normes de sécurité. “Nous avons (même) eu droit aux huissiers et à la brigade financière“, pointe-t-il. […]