Depuis vingt ans, le taux de fécondité n’en finit plus de dégringoler en Italie, devenue l’une des nations les plus âgées au monde. Les spécialistes, inquiets de ce « suicide démographique », appellent à une prise de conscience de la population et de la classe politique.
« Un monde sans Italiens ? Quelle horreur… » Ce cri du cœur, le politologue américain Ben Wattenberg l’a poussé en 1997, dans le quotidien « USA Today », alors que l’Italie venait d’enregistrer le taux de fécondité le plus faible de son histoire – 1,19 enfant par femme, bien loin des 2,1 indispensables au renouvellement des générations. Vingt ans après, la péninsule n’est toujours pas sortie de son long hiver démographique.
En 2015, les naissances sont tombées sous le seuil psychologique des 500.000 (à peine 400.000, si l’on prend en compte les enfants nés de deux parents italiens). Le taux de fécondité reste l’un des plus bas du monde avec 1,37 enfant par femme, soit 8 naissances pour 1.000 habitants, contre 10 naissances pour 1.000 dans l’Union européenne. Pour la première fois depuis 1919, la population a diminué dans la Botte, l’année dernière, avec une hausse de 10 % de la mortalité en 2015 par rapport à 2014. […]
« C’est une démographie de temps de guerre, souligne la démographe Letizia Mencarini de l’université Bocconi de Milan. C’est même pire, car un conflit est limité à quelques années, alors que cette tendance à la baisse s’inscrit durablement dans le temps. Et lorsque la structure d’une population change, les conséquences sont visibles sur plusieurs décennies. » La chute spectaculaire des naissances est intervenue au cours des deux dernières décennies, produisant des classes creuses. […]