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Enquête du Monde sur les jeunes Franco-Maghrébins qui ont décidé de tenter leur chance au Qatar

En France, les portes de l’entreprise leur restaient obstinément fermées. Alors ces enfants d’immigrés ont décidé de tenter leur chance au Qatar. Ici, leur patronyme n’est plus un problème et leur double culture, un atout. Mais la médaille a son revers : pour travailler dans l’émirat, mieux vaut se tenir à carreau…

Leurs parents étaient immigrés, eux sont expatriés. Les premiers trimaient dans des usines ou sur des chantiers et peinaient à boucler leurs fins de mois. Leur progéniture bosse dans des bureaux climatisés, sort dans des palaces 5-étoiles, et songe à investir dans l’immobilier. Cette promotion express, du col bleu au col blanc en une génération, c’est au Qatar qu’ils la doivent.

Assis sur les troisièmes réserves de gaz de la planète, l’opulent émirat draine un flot d’enfants de l’immigration impatients de goûter aux fruits de la mondialisation. La micromonarchie du golfe arabo-persique, que personne n’aurait pu placer sur un planisphère il y a seulement dix ans, est devenue l’accélérateur de carrière de la jeunesse franco-maghrébine. L’incubateur d’une nouvelle élite, biculturelle, affranchie du syndrome de la cage d’escalier.

Tout n’est pas rose sous les gratte-ciel de Doha, ville-champignon, aseptisée, où les températures dépassent les 40 °C cinq mois dans l’année. Mais aux malins et aux bons élèves, à ceux qui arrivent avec des diplômes ou des idées et qui s’accrochent, le Qatar offre des opportunités professionnelles inespérées.

« Parce qu’ils s’appellent Mohamed ou Fatima, ce qu’on leur offre là-bas n’est pas à la hauteur de leurs diplômes. Ici, ils ont le sentiment de se retrouver à égalité. »

Une terre où leur double culture est tout d’un coup un atout. Et un lieu où ils peuvent conjuguer leur foi et leurs ambitions, sans risquer un regard de travers. Des choses que la France de 2016, minée par le chômage, les angoisses identitaires…

Le Monde

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