Nicolas Sakozy, en meeting au Zénith de Paris, tente de rebondir avec un discours sur le déclassement identitaire.
Il faut oublier. Faire oublier. Bygmalion et ses sommes faramineuses, Patrick Buisson et son ouvrage vengeur, tous ces petits cailloux déposés sur la route de l’ancien président pour le faire trébucher… Il ne se laissera pas malmener ainsi, a-t-il juré à ses proches. Car les gens l’attendent. Mieux, «en faisant sa campagne, les gens ont l’impression de jouer leur peau, affirme Marie-Anne Montchamp. Il est le dernier rempart contre le Front national.» […]
Pour ce qui doit être un moment charnière de la campagne, le thème a surgi assez naturellement. Ce sera le déclassement. Sarkozy a-t-il rencontré Louis Chauvel, le sociologue auteur de La Spirale du déclassement ? Non. L’a-t-il lu ? Par bribes. S’en est-il inspiré ? Bien sûr, en partie, «Nicolas Sarkozy surveille le débat intellectuel», jure l’un de ses collaborateurs. « Le déclassement est un sujet qui a l’avantage de pouvoir être décliné », note un autre. Et Sarkozy compte bien en faire la démonstration, épuiser le sujet dans toute sa complexité avec de grandes embardées outrées destinées à séduire classes moyennes et populaires.
En matière économique d’abord, Sarkozy prend la défense de «ces millions de Français qui imaginent que leurs enfants vivront moins bien qu’eux, car ils vivaient déjà eux-mêmes moins bien que leurs parents», de «cette classe moyenne qui s’est mise à compter ses fins de mois parce qu’elle est la première victime du choc fiscal sans précédent, organisé par François Hollande». Selon lui, l’ascenseur social ne fonctionne plus et l’école aussi a sa part de responsabilité dans cette panne de grande ampleur : «Le déclassement, c’est l’école de la République qui était hier le cœur de la promotion sociale et qui est devenue l’une des plus inégalitaires d’Europe. La moitié des fils d’ouvriers resteront ouvriers, où est l’égalité ?» […]
Après ce premier exposé, il faut distribuer quelques claques. Pour marquer ce fossé qui se creuse, Sarkozy fustige encore et toujours « cette élite si puissante dans la sphère administrative et médiatique et si minoritaire dans le pays». Effet garanti. Patrick Buisson et ses références maurrassiennes ont beau avoir quitté le navire, finalement, aux yeux de Sarkozy, le crime de cette classe de notables est toujours le même année après année : sa déconnexion d’avec le pays réel. Dans sa bouche, le « pays réel » cher à Maurras devient «la France exposée» qu’il oppose à «la France protégée», celle qui «n’est guère présente dans le métro, dans les trains de banlieue, dans les collèges de ZEP, dans les commissariats pour déposer une main courante». Les applaudissements et les rires fusent. […]
Mais c’est avec ses formules sur le déclassement identitaire que Sarkozy soulève la salle. «Chez nous, l’homme serre la main de la femme», la foule se déchaîne.« Je parle de l’islam parce que je refuse de passer sous silence les ravages d’un islam radicalisé dans les quartiers, quand on nous dit qu’un jeune musulman sur deux pense que les lois de la République sont moins importantes que celles de la charia.» «Sarkozy, président !» acclame le public. […]