09/10/16
Le maire de Beaumont-en-Véron (2700 hab), Bernard Château, et 23 conseillers municipaux demandent à l’Etat de « tenir intégralement ses engagements», notamment sur le profil des individus qui s’installeront dans le superbe château de Pontourny transformé en centre de déradicalisation.
Un mois seulement après l’ouverture du premier centre de déradicalisation de France voulu par Manuel Valls, les premiers couacs surviennent et tendent davantage encore une situation locale déjà crispée par la polémique autour de cette installation, au cœur des jardins de la France, dans l’Indre-et-Loire.
Les élus de la petite commune de Beaumont-en-Véron, conciliants pour permettre cette ouverture malgré la contestation locale, sont aujourd’hui échaudés et rappellent l’État à l’ordre dans un courrier à la tonalité ferme. «Constatant des difficultés» liées au site, dans le superbe château de Pontourny, le maire, Bernard Château, et 23 conseillers municipaux, «demandent à l’unanimité» au gouvernement «de tenir intégralement ses engagements», particulièrement que «soient exclus» du public reçu «les fichés S» et les hommes «condamnés pour des faits de violence volontaire».
Cette réaction intervient après qu’un des candidats à la déradicalisation, un jeune homme de 23 ans originaire d’Arras, eut été identifié comme fiché S et condamné pour violences. […]
Qu’importe la raison du «dérapage» pour le collectif d’opposants qui, déterminé, est «toujours dans l’optique de faire fermer le centre». Il vient d’ailleurs de s’adjoindre les services d’un avocat qui, selon lui, «tient une bonne piste» pour y parvenir.
Bientôt envoyée au préfet de région, la lettre des élus n’est pas qu’un rappel aux engagements que doit tenir l’État. Elle insiste aussi sur son obligation d’«assurer l’ordre public» et «la sécurité des riverains». Nombre de voisins du site de Pontourny réclament de hauts grillages autour de l’enceinte car «la seule sécurité qui existe actuellement concerne uniquement l’intérieur de l’enceinte», dit une riveraine. Le dispositif interne a été d’autant plus étudié avec la survenue des attentats de Nice.
Merci à chnipe
30/09/16
Le jeune homme, dont l’accueil au centre de prévention de la radicalisation de Pontourny a créé la polémique, sera renvoyé, a annoncé aujourd’hui le préfet d’Indre-et-Loire, Louis Le Franc, lors d’une réunion à Tours du comité de suivi de ce centre, le premier en France à réinsérer les jeunes en cours de radicalisation islamiste.
Dans un premier temps, la préfecture avait assuré que le pensionnaire “rempli(ssait) l’ensemble des conditions requises pour bénéficier du programme”. Vendredi, face aux élus locaux, le préfet a finalement annoncé le départ de ce jeune de 23 ans dont il s’est refusé à dire s’il était ou non fiché S, une information qui relève du secret défense. “Pour ce jeune, qui était volontaire, la décision a été prise qu’il ne reste pas au centre pour rétablir la sérénité. Le centre en a besoin pour bien fonctionner. Il va être pris en charge, par d’autres structures très rapidement”, a annoncé M. Le Franc.
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Le député socialiste Laurent Baumel a reconnu vendredi qu’il y avait eu “une petite difficulté dans la mise en route du processus de sélection des pensionnaires”: “le ministère de l’Intérieur avait établi des critères. Les élus avaient demandé à la fin de l’été un critère supplémentaire qui était l’exclusion des personnes ayant été condamnées pour des faits de violence mais la procédure de sélection (…) n’avait pas bien intégré ce critère. Les choses sont rétablies mais il faudra être vigilent à l’avenir”.
(…) Le Figaro
28/09/16
Un pensionnaire du premier centre français de déradicalisation à Beaumont-en-Véron (Indre-et-Loire), originaire du Pas-de-Calais, a révélé à la veille de son arrivée avoir commis des “braquages”, provoquant la colère des élus locaux qui estiment qu’un tel profil n’est pas conforme à ce qui leur avait été annoncé.
Dans une interview à La Voix du Nord (VDN), le quotidien de sa région d’origine, le jeune homme de 23 ans est décrit comme “nerveux, très mince, souriant”. “Il parle de tout facilement: les armes qui l’entourent sur la vidéo qu’il nous montre, ses braquages, sa dépendance à l’alcool et même ses troubles psychiatriques”, relève la journaliste de la VDN.
Une description qui hérisse les élus locaux qui ont négocié avec les autorités le profil des pensionnaires du centre de Pontourny afin de tenter de calmer l’inquiétude des riverains. Lors de la présentation le 13 septembre dernier du tout nouveau “Centre de Prévention, d’Insertion et de Citoyenneté”, le préfet d’Indre-et-Loire Louis Lefranc avait assuré qu'”aucun (pensionnaire) ne sera sous main de justice pour faits de terrorisme, n’aura tenté d’aller en Syrie ou n’aura été condamné pour des faits de violence”.
“Les éléments qui ont été transmis par les services compétents montrent” que le jeune homme originaire du Pas-de-Calais “remplit l’ensemble des conditions requises pour bénéficier du programme”, selon un communiqué publié mardi soir par la préfecture. “Des critères ont été fixés pour permettre l’acceptation locale vis-à-vis du centre”, a rappelé à l’AFP le maire de Chinon et président de la communauté de communes, Jean-Luc Dupont. “Nous vérifierons le respect de ces critères lors de la prochaine de réunion du comité de suivi, vendredi à la préfecture d’Indre-et-Loire”, a-t-il averti.
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Merci à Stormisbrewing
Nerveux, très mince, souriant, il parle de tout facilement : les armes qui l’entourent sur la vidéo qu’il nous montre, ses braquages, sa dépendance à l’alcool et même ses troubles psychiatriques : « Je suis bipolaire. » En revanche, il est beaucoup plus difficile pour I. d’aborder le pourquoi de sa fiche « S », d’évoquer les raisons qui ont poussé la préfecture du Pas-de-Calais à proposer son dossier au premier centre de déradicalisation de France , à Beaumont-en-Véron en Indre-et-Loire. Pourtant, il est sur le départ : on l’y attend aujourd’hui. Mais, voilà, les liens ne sont pas coupés et ses « amis » sont violents.
« Tout » a commencé lorsqu’il s’est retrouvé, à 13 ans, dans un foyer en Belgique : « J’ai fait des bêtises de délinquant. » Il vole, casse, frappe, cherche même à récupérer son scooter dans un commissariat. Entre deux, il se convertit à l’islam : « Les musulmans sont les seuls qui m’aient toujours bien accueilli avec à manger et à boire sur la table dès que je rentrais chez quelqu’un. Dans ma famille, la religion était absente. »
Retour en France, chez ses parents. Il reprend son trafic de marijuana et mélange drogue et alcool avec les médicaments de son traitement. Une recette explosive qui le rend violent, l’isole à toute allure. Il vit à moitié dehors.
« Je ne voulais plus parler aux femmes, je traitais ma mère de mécréante »
Et c’est là que I. rencontre des musulmans radicaux pakistanais dans un bar à chicha d’Arras. Il a 18 ans. « Je suis parti avec eux à Paris pendant un an, ils m’ont donné du travail, on était une dizaine dans un studio, on s’entendait super bien. Je suis allé vraiment loin, je priais tout le temps, je ne voulais plus parler aux femmes, je traitais ma mère de mécréante. »
Il pense plusieurs fois à « partir en Syrie » : « Ça ne me faisait pas peur. » Ses compagnons l’utilisent pour tourner des vidéos temporaires (sur Snapchat) où il menace de s’en prendre à la France. On en montre une à sa mère qui alerte le CAFFES, une association de lutte contre l’emprise sectaire basée à Lille.
(…) La Voix du Nord