“Sauvageons”. C’est le terme choisi par le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve pour qualifier les auteurs de l’attaque aux cocktails Motolov de quatre policiers, dans l’Essonne. Un mot loin d’être anodin, rappelle le sociologue Laurent Mucchielli, directeur de recherche au CNRS, responsable de l’Observatoire régional de la délinquance et des contextes sociaux à l’université d’Aix-Marseille.
Vingt-quatre ans après Jean-Pierre Chevènement, c’est au tour d’un autre ministre de l’Intérieur d’un gouvernement de gauche, Bernard Cazeneuve, d’utiliser le mot “sauvageon” pour qualifier les auteurs d’un fait de délinquance. Est-ce que “sauvageon” serait de gauche, et “voyou” de droite ? Franchement, je ne sais pas. Et est-ce l’un vaut mieux que l’autre ? Je ne sais pas non plus. Et ce n’est peut-être pas très important.
Ce qui me frappe surtout c’est que, comme d’habitude avec les faits divers les plus choquants, tout le monde s’empresse de faire des commentaires alors qu’on ne sait rien des raisons pour lesquelles il est survenu. Quelles étaient les motivations des agresseurs ? Espérons qu’on le saura au terme de l’enquête.
Le mot “sauvageon” a une certaine force de frappe. Dans “sauvageon”, il y a “sauvage”, un terme qui renvoie donc à l’idée d’absence de civilisation et de violence presque un peu animale.
En ce sens, c’est assez typique de la vision qu’ont les élites (pas seulement politiques) sur les habitants des quartiers pauvres des grandes agglomérations. On pourrait y voir un mélange entre du mépris de classe sociale et du post-colonialisme. […]