18/10/16
Camel Bechikh reconnait être membre de l’UOIF
Entretien avec Jean-Yves Le Gallou
Vous avez critiqué l’initiative de Banlieues patriotes, qui a lancé une web télé black-blanc-beur et invité Camel Bechikh pour son émission inaugurale. Pourquoi ?
Parce que je ne crois pas que la vocation du FN – dernier espoir électoral des Francais de souche – soit de promouvoir une France black-blanc-beur, slogan de SOS Racisme dans les années 1980… D’autant que Camel Bechikh se voit reprocher par sa propre organisation – Fils de France – sa complaisance et ses liens avec l’UOIF, émanation des Frères musulmans.
Mais il est bien normal que le FN cherche à élargir son électorat ?
Certes, mais nul besoin, pour cela, de faire le grand écart à la mode UMP ou LR. Au demeurant, la première démarche pour élargir son électorat, c’est de mobiliser les abstentionnistes de son camp. C’est ce qu’avait recommandé le think tank Terra Nova à Hollande et aux candidats socialistes en 2012. Ils avaient, alors, fait le porte-à-porte dans les quartiers immigrés. Avec succès.
Est-ce à dire que le vote des banlieues est définitivement perdu pour le FN ?
Assurément, non : il y a des réserves d’électorat démoralisé dans les quartiers pavillonnaires encore européens. Il faut aller les voir. Rue par rue et maison par maison. Et les convaincre. Il y aussi toute la « France périphérique », celle qui se révolte contre l’implantation de clandestins venus de Calais. En voilà, des champs électoraux à labourer avec des militants convaincus et formés.
Cela suppose un travail militant plus ingrat, c’est sûr, que de faire le beau dans les médias. Mais le plus grand risque aujourd’hui pour le FN, ce serait d’apparaître comme un parti comme les autres. D’autant que la « normalisation » n’empêchera pas les campagnes de « diabolisation » là où il y aura des deuxièmes tours.
17/10/16
Une France black-blanc-beur… Serait-ce le nouveau — et plutôt inattendu — message que le FN souhaite faire passer par le biais de la nouvelle émission télé de son collectif Banlieue Patriote ?
Hier, en tout cas, pour le premier enregistrement de « Nos quartiers la France », il y avait autour de la table Jordan Bardella, le fondateur du collectif, d’origine italienne, Guy Deballe, transfuge du PS au FN, d’origine centrafricaine, et l’invité, Camel Bechikh, porte-parole de la Manif pour tous et président de l’association Fils de France, d’origine algérienne. Une affiche inhabituelle pour le parti de Marine Le Pen. « Je n’ai pas une vision racialiste, balaie Jordan Bardella, moi, je n’ai vu que du bleu-blanc-rouge. » […]
« Musulman et patriote », comme aime à se définir Camel Bechikh, qui a répondu sans hésiter à l’invitation, même s’il n’est pas électeur du FN. « Si Mélenchon m’invite, j’irai aussi ». […]