A six mois de la présidentielle, la gauche de gouvernement semble hors jeu. Partout en l’Europe, les scénarios tournent vinaigre pour les formations de centre gauche.
Si François Hollande, est au plus mal, sans doute ne mérite-t-il pas cet excès d’indignité. Rendons-lui hommage, en reprenant le propos de l’essayiste Alain Minc : « De la même manière que François Mitterrand nous aura débarrassés du communisme, François Hollande nous aura débarrassés du socialisme», explique Minc dans l’émission Ecorama, diffusée sur le site Boursorama.com. […]
La sanction électorale s’annonce. Cinglante. A six mois de la présidentielle, la gauche de gouvernement semble hors jeu. Elle ne tombera peut-être pas aux 5 % de Gaston Defferre en 1969, mais il n’y a aucune raison qu’elle dépasse les 16,18 % de Jospin en 2002.
Cette chute est d’autant plus inquiétante qu’elle s’inscrit dans une tourmente européenne. « La social-démocratie est mangée par les deux bouts, sur sa gauche et sur sa droite », déplore l’historien du socialisme Gérard Grunberg.
Tous les scénarios tournent vinaigre : outre-Rhin, le Parti social-démocrate (SPD) est phagocyté sur sa droite par la chancelière Angela Merkel mais rejette toute alliance nationale avec Die Linke ; le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) est pris au piège par son double refus de s’allier au Parti populaire de Mariano Rajoy (droite conservatrice) ou à la gauche radicale de Podemos ; le Pasok grec a été englouti par Syriza ; outre-Manche, le Labour de Jeremy Corbyn est dans un no future trotskiste, tandis que le président du Conseil italien, Matteo Renzi, est menacé par les populistes du Mouvement 5 étoiles de Beppe Grillo.
«Bientôt, on n’aura plus un seul gouvernement socialiste en Europe», prédit le politologue Gérard Grunberg
Explication : les piliers qui formaient l’armature idéologique du centre gauche s’affaissent. Le rêve européen, produit de substitution à l’idéologie socialiste, s’est échoué sur les difficultés de l’euro, sur la crise des migrants et sur l’élargissement aux anciens pays communistes qui a compliqué le vivre-ensemble entre des travailleurs de niveau de vie très différents et mis en concurrence.
Ensuite, en période de mondialisation dangereuse, l’idée d’une société ouverte n’est plus majoritaire : elle est perçue comme le privilège ou la marotte des élites mondialisées, tandis que les classes populaires demandent de la protection.
De ce fait, le discours sur la régulation censée canaliser la mondialisation tourne dans le vide, puisque le principe même d’ouverture est remis en cause.
En outre, le libéralisme politique, qui voulait qu’une démocratie apaisée ajoute au suffrage universel une série de contre-pouvoirs – la Constitution, les droits de l’homme, le dialogue social, etc. —, ne fait plus l’unanimité, comme en témoigne la tentation référendaire qui gagne la droite et l’autoritarisme populiste. […]