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Article de Libération sur la percée du FN dans la fonction publique.

Le Front national tente depuis plusieurs années, avec succès, d’exploiter le malaise social d’une partie des salariés du public.

Marine Le Pen peut compter en 2017 sur un gros quart des voix des fonctionnaires. Mais surtout, elle fait le pari qu’en cas d’accession au second tour, les syndicats auront du mal à mobiliser leurs troupes pour lui faire barrage.

Tout ce qui concerne de près ou de loin la sécurité intérieure (policiers, gendarmes, surveillants de prison) constitue alors le noyau dur de l’électorat fonctionnaire du Front national. Mais aujourd’hui sont venues s’y agglomérer les petites mains de la fonction publique : les catégories B et C, notamment les personnels dédiés à l’accueil du public.

Aux dernières élections régionales, 28 % des salariés des trois fonctions publiques (Etat, territoriale et hospitalière) ont voté Front national, contre 34 % pour ceux du privé.

Comment s’explique ce basculement et comment le FN a-t-il pu séduire ce public pendant très longtemps hostile ? Tout au long de la décennie 80, Jean-Marie Le Pen prend des accents reaganiens voire thatchériens pour dénoncer une fonction publique pléthorique et parasitaire, frein à la liberté d’entreprendre. Un combat classe contre classe. Il mène la lutte contre la clientèle électorale traditionnelle de la gauche.

Au milieu des années 90, certaines têtes pensantes du FN regroupées derrière Bruno Mégret comprennent que le parti a tout à perdre en continuant de se couper de ces électeurs. Ils lancent alors une série de syndicats catégoriels (FN police, FN RATP, FN pénitentiaire…) pour tenter de les ramener dans son giron. Tous seront cassés devant les tribunaux à la requête des grandes centrales représentatives. Sans surprise, le premier de ces syndicats estampillés Front national s’adressera aux policiers. […]

En 2002, quand Jean-Marie Le Pen accède au second tour de la présidentielle, seulement 10 % des fonctionnaires ont voté pour lui. Au lendemain du premier tour, CFDT, CGT et FO appellent à faire barrage au FN et mobilisent en masse. Consciente de cet obstacle, Marine Le Pen, pas encore présidente du parti mais déjà aux manettes pour le dédiaboliser, va tout tenter pour séduire la sphère publique qui représente aujourd’hui 5,2 millions de personnes.
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Libération

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