Depuis quelques semaines, le sentiment d’inquiétude des citoyens s’accroît face aux violences qui frappent la puissance publique, notamment les policiers et les enseignants. Pour Philippe Bilger, magistrat honoraire et président de l’Institut de la parole, la République est aujourd’hui impuissante, la démocratie faible.
Sous ce quinquennat, nous sommes sortis de la normalité pour entrer dans la crainte d’une impuissance de la République, d’une faiblesse de notre démocratie.
Les violences massives, organisées et parfois criminelles, qui s’en prennent notamment aux fonctionnaires de police comme dans l’Essonne, les attaques d’établissements scolaires, les agressions quotidiennes contre le corps enseignant, même un proviseur molesté, la fin de l’impunité des médecins et des pompiers ne relèvent plus des transgressions ordinaires mais mettent directement en cause la capacité de résistance de l’Etat, testent ses aptitudes à la fermeté ou sa propension à laisser s’accomplir ce qu’il ne sait plus, ne peut plus empêcher (Le Figaro).
Qu’une manifestation de 500 policiers sur les Champs-Elysées au cours de la nuit du 17 au 18 octobre se soit déroulée dans l’urgence et l’exaspération est l’un des signes les plus éclatants de cette modification d’atmosphère comme les rassemblements de solidarité et de soutien, à Evry, Paris et Marseille, qui l’ont suivie. Ce n’est plus une simple fronde mais il y a là comme un parfum de révolution (Le Point). […]
Que pèse, face à ces impunités quasiment et fatalement obligatoires – ces groupes protégés par leur nombre même – l’autorité affichée de l’Etat? Rien ou presque rien. Comment l’évoquer même au regard de ces cités de non-droit qui la narguent?
Pourtant, que proposer d’autre sinon une République qui offrirait moins de garanties aux transgresseurs mais plus de droits aux honnêtes gens ? […]
Si j’osais, j’irais jusqu’à soutenir qu’une démocratie, face à un pire multiplié et multiforme de plus en plus violent, sans le moindre frein éthique et humain, est impuissante par principe parce qu’elle ne peut pas tout se permettre.
Mais que son contraire, un pouvoir totalitaire impitoyable serait un remède plus dommageable, plus insupportable que la rançon que nous payons pour avoir le bonheur de vivre en démocratie.