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Alors qu’il publie “Ma part de Gaulois”, le chanteur de Zebda raconte son éducation dans une cité de Toulouse. Entretien.

Il se trouve qu’on est là, immigrés, Maghrébins, musulmans, enfants d’immigrés. Et de plus en plus nombreux. C’est vrai. L’islam va devenir la première religion de France. A terme. Il faut accepter cette évidence. Moi, je dis : faites avec. Il faut plus de mosquées. Seront-elles à la solde de je ne sais quel Daech ? Non. Elles seront dirigées par des citoyens dignes de ce nom, musulmans et patriotes. C’est mon pari.

Dans son quartier, on le traitait de «pédé» chaque fois qu’il employait un mot compliqué. Un jour, comme on lui proposait de jouer au football, il osa utiliser le mot «éventuellement». «Premier adverbe prononcé dans la cité.» C’en était trop. […] Dans ces versets sataniquement républicains, on découvre, entre autres, que les immigrés sont les meilleurs historiens de l’histoire de France: voyez, à la victoire de Mitterrand, l’effroi du père de Cherfi qui n’ignore pas que cet ancien ministre «de 54 à 57 a refusé la grâce à tous les militants du FLN condamnés à mort». […] Certains me reprochent mon allégeance à la République. Je suis Gaulois patriote. On me dit: «Cette République, nous lui avons tant donné et elle si peu. Pourquoi cette allégeance, alors qu’elle méprise l’islamité et l’identité maghrébine ? Pourquoi faire autant de pas vers “eux” alors qu’il y a si peu de pas faits vers “nous” ?» On me dit: «Tu t’es embourgeoisé, tu as lâché la lutte des classes, tu as abandonné ton background berbéro-musulman, tu es devenu un “Blanc”». Blanc au sens bourgeois. Le «Blanc», c’est celui qui a accédé à la rhétorique, celui qui parle comme nos anciens maîtres, le colonisateur qui répète «République, République». […] Moi, j’ai envie d’appartenir au peuple gaulois sans renier la berbérité de mes parents. Je prends les deux. Oui, j’ai grandi dans un état permanent de colonisé. Mes parents m’ont infusé la suprématie blanche. […] Vous allez voter pour qui à la présidentielle ?
J’ai un cérémonial vieillot et mesquin. Je vote extrême gauche au premier tour et socialiste au second.
Et si, par extraordinaire, il n’y a pas de socialiste au second tour ?

Alors, cette fois, je ne vote pas. Vous voulez le Front national ? J’ai envie de dire chiche. J’ai cinquante balais. Je suis fatigué de répéter depuis trente ans que le Front national n’est pas une solution.

[…] Le Nouvel Obs

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