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Les efforts de Sofia pour sécuriser sa frontière orientale ne contribuent-ils pas à rendre la «forteresse Europe» encore plus hermétique? La question a fait bondir le commissaire aux Migrations, Dimitris Avramopoulos, venu inaugurer en Bulgarie le nouveau corps de gardes-frontières européens le 6 octobre dernier. «Regardez sur Internet et vous verrez à quoi cette expression fait référence», a-t-il répondu. La Festung Europa, chère à la propagande nazie, est devenue le nouveau cri de ralliement pour de nombreux mouvements anti-migrants et d’extrême droite sur le Vieux continent.

Egalement présent à la cérémonie, le premier ministre bulgare a été, lui, beaucoup moins choqué: «Nous ne voulons pas d’une nouvelle forteresse, mais d’un endroit sûr, dans lequel nous pouvons vivre et circuler librement. Aujourd’hui un Bulgare, porteur d’une carte d’identité européenne, a plus de chances d’être contrôlé en Allemagne qu’un migrant. Vous trouvez ça normal?», a demandé Boïko Borissov.
Le chef du gouvernement n’a de cesse de vanter le rôle de la Bulgarie dans la crise migratoire, un pays qui accomplit son devoir de «rempart» à la frontière extérieure de l’Union. Pourtant, cette «méthode bulgare» […] reste un curieux mélange de répression et de volonté de s’attirer les bonnes grâces de Bruxelles.
Il y a tout d’abord cette «clôture de sécurité » qui couvre désormais la quasi-totalité de la frontière avec la Turquie. L’installation – haute de 3 mètres composée de plusieurs couches de barbelés – s’est révélée un gouffre financier. […] La Strandja grouille aussi de gardes-frontières et de militaires renvoyés en renfort de tout le pays. Les «milices de volontaires» ont également proliféré, attirant des têtes brûlées, parfois d’anciens délinquants, mais aussi de véritables organisations paramilitaires qui réclament le même statut que leurs collègues hongrois, reconnus et financés par l’Etat.
Le secret le mieux gardé de la Strandja? Le sort des migrants appréhendés. Selon tous les témoignages recueillis dans la région, ces derniers sont refoulés sans ménagement vers la Turquie et, parfois, dépouillés de leur argent. Officiellement, ils n’ont jamais mis le pied sur le sol de l’UE. L’action se déroulerait la nuit, dans des camions bâchés de l’armée. C’est le push back, dans le jargon des ONG, qui ont à plusieurs reprises dénoncé cette pratique.
Ceux qui passent entre les gouttes, une petite centaine par semaine, profiteraient de la complicité rémunérée de certains gardes-frontières. […] Le Temps

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