Un mois après l’évacuation de près de 2500 migrants installés entre les stations de métro Jaurès et Stalingrad (XIXe arrondissemnt), la situation est revenue à l’identique: plus de 2000 migrants dorment dans des tentes sur le terre-plein central de l’avenue de Flandre, sur le quai de Jemmapes et sous le pont aérien de la ligne 2. Des voix s’élèvent chez les riverains qui ne supportent plus les nuisances, et craignent que la situation s’aggrave avec la fermeture de la jungle de Calais.
La situation ne s’arrangera pas tant que des centres d’accueil et de répartition ne seront pas mis en place en amont dans toute la France, pour orienter les migrants avant qu’ils ne se retrouvent à la rue.» (Pierre Henry, président de France Terre d’asile)
Les langues se délient parmi les riverains du XIXème arrondissement de Paris, confrontés depuis plusieurs mois à l’arrivée massive de migrants dans leur arrondissement. Pour Marie, qui habite à côté du métro Stalingrad, «c’est devenu tout simplement insupportable.» […] Ici, il n’y avait qu’une seule tente hier soir», dit -elle en passant devant la bibliothèque Claude Lévi-Strauss. Trois autres tentes se sont installées dans la nuit. «La fermeture de la jungle de Calais va en faire venir d’autres, c’est certain.»
Les rapports se tendent avec les associations qui interviennent auprès des migrants. «Ils leurs donnent des tentent Quechua et les nourrissent trois fois par jour, évidemment que les migrants ont tout intérêt à venir ici! Et quand on explique aux associations que ça nous rend la vie impossible, on nous répond que nous au moins, on a un toit sur la tête», s’agace une passante. David, qui vit avenue de Flandre, abonde:
«Les riverains sont vraiment à bout de nerfs. On ne supporte plus le discours de la préfecture qui nous dit que le devoir de l’Etat est de prendre ces personnes en charge. Il n’y a pas un mot pour nous les riverains qui subissons ça depuis des mois!».
La présence des migrants pèse aussi sur les commerçants qui commencent à perdre patience. «La situation est désastreuse pour notre quartier», juge Naji, gérant du pressing au départ de l’avenue de Flandre. «A chaque descente des forces de l’ordre, la rue est bloquée pendant des heures.» Sur le mois de septembre 2016, le pressing a eu 590 clients en moins par rapport à l’année précédente à la même période. «La survie de mon activité commence à se poser», assure-t-il. Le café mitoyen estime avoir perdu 30% de ses couverts. «Les gens qui travaillent en face ne s’aventurent plus à traverser le terre-plein central pour venir déjeuner chez nous», explique Mehdi, le gérant. Même discours au laboratoire de biologie médicale. «Nos patients n’osent plus venir chez nous», déplore le docteur François Toulat. «Il peut y avoir des cas de tuberculose, de typhoïde ou d’amibes chez les personnes qui campent dehors. Désormais, j’ai des personnes âgées ou de patients en chimiothérapie, dont les défenses immunitaires sont très affaiblies, qui préfèrent ne plus venir dans mon laboratoire. Cela pose clairement un problème d’accès aux soins dans le quartier.» [….] Le Figaro
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