Dans un édito paru sur son site internet le 21 octobre 2016 et intitulé « Bienvenue chez nous, tu y seras chez toi », la députée PS du Pays de Retz, Monique Rabin, souhaite via une lettre la bienvenue au « migrant inconnu ».
Bienvenue chez nous, tu y seras chez toi.
Je ne sais pas qui tu es, ni d’où tu viens. Je ne sais pas ce que tu fuis : la guerre ? La faim ? La torture ? Le souci des tiens confrontés à l’extrême pauvreté ? Je sais que forcément ce fut pour toi un déchirement absolu de quitter ta famille, ta maison, ton métier. Pour venir chez nous, tu as affronté la cupidité des passeurs, les mers, le froid, la rue, écrit Monique Rabin. […]
Certains Français chez nous trouvent que ta place est là-bas sur les champs de bataille ou dans les bidonvilles. Plus triste encore, des Français ont oublié que certains des nôtres, comme toi, ont dû quitter notre pays pour échapper aux trains de la mort avant d’être accueillis par des Justes, dans des pays qui leur ont ouvert les bras. Sache que ces Français-là ne reflètent pas l’âme de la France.
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Ces engagements divers sont cet autre visage de la France. Pour répondre à la haine qui a pu se manifester, sans naïveté je veux te redire, à toi et aux tiens, que nous n’avons pas peur de vous. Vous êtes nos amis, nos frères, nos pères, des êtres humains, avec vos faiblesses et vos forces. Entendre que les migrants seraient forcément des criminels me fait horreur. Je voudrais au contraire vous aider à retrouver votre dignité bafouée sur les mers et dans les broussailles de Calais. À toi, migrant inconnu, je souhaite la bienvenue. Je serai heureuse de te rencontrer, de t’entendre, de partager. La fraternité créée t’aidera, je l’espère, à surmonter les obstacles qui subsistent. Car bientôt tu recevras des papiers actant la régularité de ta présence parmi nous. […]
Trop souvent ces questions sont abordées de manière unilatérale comme si seul l’étranger avait besoin de nous. Mais moi je veux que tu saches combien nous avons besoin de toi. La relation humaine, vraie, ne se construit que dans l’échange. Dans ce monde occidental, qui abandonne progressivement sa philosophie des droits de l’Homme au profit de biens plus matériels, et qui préfère la circulation des biens et des capitaux à celle des personnes étrangères, nous avons besoin de toi. Tu peux nous aider à un sursaut salutaire. C’est par les actions que nous mènerons chacun de notre côté et c’est dans l’amour de l’être humain que nous retrouverons, toi et moi, toi et le peuple de France, notre dignité. Pour tout ce monde à renaître je te remercie.