Près de 2.500 migrants se sont installés dans un camp de fortune aux abords du métro Stalingrad dans le nord-est de Paris. Un camp qui sera démantelé dans les prochains jours.
Depuis une semaine, le nombre de migrants présents dans le 19e arrondissement de la capitale a bondi. “Insécurité de proximité”, bagarres inter-communautaires, baisse d’activité commerciale… habitants et commerçants n’en peuvent plus. 18.000 clandestins ont été accueillies en hébergement.
Ce sur quoi nous travaillons arec l’État est qu’il y ait une organisation structurée, professionnalisée, pérenne, de mise à l’abri et d’insertion dans les parcours administratifs… (Emmanuel Grégoire, adjoint à la maire de Paris, en charge des services publics.)
Les services de police appellent ce coin de Paris le « triangle des migrants ». Situé au nord de la capitale, aux alentours de la place Stalingrad, ce territoire est en effet délimité par trois campements. Sous le viaduc du métro : trois rangées de tentes abritent des familles érythréennes et soudanaises. Le long du canal Saint-Martin, quai de Jemmapes, des Afghans et des Syriens cohabitent sous des abris de fortune. Le long du bassin de la Villette et de l’avenue de Flandre enfin : des Somaliens et des Soudanais , encore, ont créé un « village » de cabanes en carton et en toile plus ou moins imperméables.
Régulièrement démantelés, ces trois bidonvilles ont brutalement gonflé en début de semaine. Certains y voient la conséquence de la fermeture de la « jungle » de Calais, actuellement en cours d’achèvement. Peu de réfugiés rencontrés sur place reconnaissent pourtant être passés par le nord de la France. La route que les réfugiés, rencontrés par Le Point.fr, déclarent avoir suivie passe plutôt par l’Italie… après la Libye. «Le boulevard de La Chapelle est le terminus que leur désignent les passeurs, car ce quartier est proche de deux grandes gares», nous expliquait, pendant l’été, Dominique Versini, adjointe au maire de Paris en charge du dossier.
Selon plusieurs sources associatives, les migrants seraient aujourd’hui entre 2 500 et 3 000 (contre 2 000 il y a encore 10 jours). Majoritairement des hommes seuls . Une « opération de contrôle » organisée vendredi 28 octobre au matin a conduit la police à procéder à l’arrestation d’une poignée de sans-papiers pour des vérifications de leur état sanitaire et de leur statut administratif. Ils ont été transportés par bus ; un dispositif policier sécurisant l’intervention. Le Point a dénombré une douzaine de cars de CRS sur place, vendredi matin. Une dizaine de tentes ont été démontées vers 8 h 30 mais, dès midi, les espaces qu’elles occupaient jusque-là étaient réinvestis par d’autres migrants. […]
Habitants comme commerçants confient éprouver « le sentiment d’être abandonnés » par les pouvoirs publics. «On avait déjà connu ça il y a une quinzaine d’années lorsque des dealers de crack s’étaient installés dans le coin», relève Marie Léon. «Le même désarroi nous avait alors envahis. Nous avions réagi en nous mobilisant», ajoute Alain Guillo qui veut rester optimiste. […]
Le Point