Si la droite parle d’identité, c’est sans doute pour s’adresser à la France d’en bas, qui souffre, angoisse et craint le déclassement. Vous semblez parler à l’autre France, celle des élites, qui profite de la mondialisation. Êtes-vous la candidate des bobos urbains et connectés, de “la France qui va bien” ?
J’entends cette critique, mais il faut amender ce discours sur les deux France et regarder ce qui les relie, ce qui peut les garder connectées. Nous sommes tous ambivalents dans notre relation à la modernité. Nous avons tous en nous-mêmes un peu d’angoisse au sujet de nos racines et un regard porté sur l’avenir. J’ai passé beaucoup de temps dans des communes rurales, j’ai rencontré beaucoup de maires ruraux. Leur première préoccupation, ce n’est pas les Gaulois ou le burkini, ni la question identitaire ou sécuritaire, c’est la fibre optique ou la 4G. Ils se demandent comment faire pour que leur village soit connecté et puisse attirer de l’emploi, des commerces. Ces deux mondes, ces deux France, ne sont ni déconnectés ni irréconciliables. […]
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