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Chaque semaine, Nora Busigny surveillante dans un collège classé REP nous raconte son expérience, parfois incroyable, dans un établissement de région parisienne.

Cette jeune femme de 20 ans effectue un mi-temps de 18 heures (justifié par ses études), qui l’oblige à être présente trois jours de la semaine : le mercredi matin, le jeudi après-midi et le vendredi toute la journée. « Les faits que je vais relater ici se sont hélas déroulés durant mes trois jours de présence, à tel point que plusieurs de mes collègues m’ont dit, en riant à moitié, que je devais être maudite… »

Extraits:

[…] Mohammed, 14 ans, est en quatrième, et pour se faire de l’argent de poche, il fait le « chouf », le guetteur pour des « grands » qui revendent de la drogue.

Mohammed avait grimpé les échelons. Il occupait aujourd’hui un poste plus risqué, mais qui rapportait mieux. Il me raconta alors que la cité qui se trouvait près du collège n’offrait pas que de simples appartements familiaux. Plusieurs de ces studios étaient réaménagés en réserves ou même en serres, renfermant de quoi vendre aisément durant plusieurs années.

[…] Alors qu’elle tente de maîtriser 10 bagarres simultanées, Nora essuie un coup de poing qui la laisse à terre […]

[…] Nora, pionne dans un collège, tente d’aider Samir à ne pas avoir honte de ses préférences sexuelles. Mais la pression sociale est forte […]

[…]Clara, une élève de quatrième, vient d’agresser son prof de SVT. Nora, la surveillante, va essayer de comprendre ce qui lui est passé par la tête.

[…]Je n’en croyais pas mes yeux. Je connaissais bien Clara, enfin je croyais la connaître. C’était une élève de quatrième, une métisse plutôt jolie et coquette. Récemment, elle s’était bagarrée à coups de griffes et de cheveux tirés avec l’une de ses suiveuses. Mais, rien chez elle ne me laissait présumer une personnalité si complexe.

[…]Je réagis immédiatement quand j’entends des cris venir des toilettes des garçons ; un sixième en sort en hurlant. Je me précipite et assiste à une scène pour le moins déstabilisante: Moha est accroupi sur Ibrahim, un élève assez fort et lui serre si violemment le cou qu’il en est devenu livide, bien qu’il soit noir de peau. De part et d’autre de Moha, Alexandre, mon collègue et Youssef, un autre élève, tentent de le faire lâcher prise. Mais Moha semble comme possédé, ses yeux habituellement doux sont injectés de sang et il se mord violemment les lèvres, laissant des gouttes de sang s’écouler le long de son menton. Tout se passe très vite, je pousse un cri strident et Alexandre fait une clé de bras à Moha pendant que Youssef éloigne Ibrahim. Je me précipite sur lui pour vérifier s’il respire encore et envoie un des élèves qui regardait la scène prévenir les secours. Moha semble reprendre ses esprits et ne cesse de murmurer « Pardon, pardon, pardon… » Alexandre le lâche tout en laissant comme consigne à Youssef de ne pas s’en éloigner et m’aide à transporter Ibrahim hors des toilettes, celui-ci bien que conscient ne tient pas debout. Les pompiers arrivent.

[…] Moha explique à la CPE qu’il n’a jamais voulu en arriver là, mais qu’Ibrahim, qui est pourtant son ami, n’arrive pas à comprendre qu’il ne voulait pas « jouer à se taper ». Il n’a cessé de le taquiner et de le pousser. Moha a alors « pété un câble » quand Ibrahim a fait semblant de lui jeter de l’eau dans les toilettes. Il affirme ne plus se souvenir de rien ; il semble d’ailleurs complètement groggy. Il y aura un conseil de discipline pour décider ou non de son renvoi.

Le Point

Merci à cathyB

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