Tribune d’Eric Pliez (Président du SAMU social de Paris) sur le manque de places d’hébergement pour les sans-abri.
Enfin, ajoutons qu’il est grand temps de permettre à ceux qui viennent en France pour demander l’asile d’accéder à des dispositifs qui leur sont spécifiquement réservés. Demander aux dispositifs d’hébergement d’urgence de pallier le manque de places d’accueil serait doublement irresponsable.
Le temps, encore clément, ne laisse pas deviner la catastrophe qui s’annonce. A cette époque de l’année, les équipes du SAMU social de Paris « préparent l’hiver », comme elles ont coutume de dire. Le 115 se met en ordre de marche ; il renforce ses équipes pour améliorer la prise d’appels et faire face à la croissance du nombre d’appelants.
Avec l’ouverture de places d’hébergement hivernales qui rendent les possibilités d’accès au dispositif d’urgence moins illusoires, apparaissent des personnes qui n’appelaient pas, ou plus. En 2015, en hiver, le 115 a ainsi répondu à plus de 1 600 appels quotidiens, contre une moyenne de 1 100 hors période hivernale.
[…]Il y a urgence. Urgence à trouver des places de mise à l’abri pour tous. Des solutions sont possibles : réquisitionner les bâtiments inoccupés, ils sont nombreux, notamment les bureaux ; déployer des structures modulaires dans les friches urbaines en attente de projets, certaines existent à Paris mais elles sont surtout nombreuses dans la première couronne ; encore faut-il accepter une solidarité à l’échelle du territoire. […]
A ces mesures peuvent s’ajouter toutes celles qui permettraient de libérer les places d’hébergement actuellement occupées par des personnes en attente de solutions pour sortir des dispositifs d’hébergement.
Identifier les logements sociaux vacants et prioriser l’entrée dans le logement des personnes en emploi – elles sont nombreuses dans les centres d’hébergement ; favoriser l’accès des personnes sans abri vieillissantes aux foyers logement et aux Ehpad, et de celles qui sont en situation de handicap vers des structures médico-sociales adaptées ; régulariser la situation administrative des personnes qui restent bloquées dans les centres d’hébergement ou dans les hôtels sociaux, faute de papiers ; développer l’offre d’intermédiation locative (Louez solidaire, Solibail) pour les personnes isolées. […]