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[…] Un pays de l’Union européenne a la charia dans ses textes officiels. En Grèce, la population de la Thrace occidentale, région du nord-est du pays, frontalière de la Turquie, est en effet régie par la loi religieuse musulmane. Une situation unique en Europe née de l’histoire complexe et tourmentée de la Grèce.

«Ce qui est intéressant, c’est que ce droit particulier continue de s’appliquer en Grèce, alors qu’en Turquie la laïcisation du droit, imposé par Ataturk, ne reconnaît plus de statut particulier», nous précise Stéphane Papi, chercheur et professeur en droit public.

«Dans cette partie oubliée du nord-est de la Grèce, tout est sauvage, même les lois. La minorité musulmane d’environ 120.000 personnes, toutes origines confondues, turque, rom ou pomaque, est régie par la loi islamique» […] Les raisons historiques ont la vie dure et la Grèce s’est toujours méfiée de cette minorité. Ainsi, jusqu’en 1996, des barrières fermaient la Thrace aux visiteurs.

«Les matières liées au mariage entre musulmans, à sa dissolution, aux relations personnelles entre les époux pendant leur vie conjugale ainsi que les liens de parenté continuent jusqu’à ce jour à être régies et jugées selon la charia. Mais depuis des décennies, le rôle des muftis s’est étendu à d’autres domaines, à d’autres personnes, y compris non grecques et/ou non musulmanes, et a débordé le cadre géographique de la Thrace occidentale», affirme l’ancien diplomate Alexis Varende.

Pourtant, la cour suprême grecque a reconnu, en 2013, la primauté du droit religieux sur le droit civil pour les membres de la communauté musulmane dans une affaire d’héritage. «La cour de cassation (areios pagos) elle-même a soutenu l’opinion que le mufti était le “juge légitime” des citoyens grecs musulmans où qu’ils résident, en Thrace occidentale naturellement, mais aussi à Santorin, Eubée ou, plus curieusement, hors de Grèce», précise Orient XXI.

Géopolis

Merci à Lilib

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