La manifestation monstre organisée à Djakarta, vendredi 4 novembre, par une organisation islamiste extrémiste contre le gouverneur chrétien, Basuki Tjahaja Purnama, accusé de blasphème, souligne les contradictions du plus grand pays musulman du monde : l’Indonésie est un archipel peuplé de 250 millions d’habitants, dont 85 % de musulmans à la pratique traditionnellement modérée. Mais elle est victime à intervalles plus ou moins réguliers d’attentats djihadistes et sujet à des bouffées de fièvres radicales sur fond de réislamisation d’une importante partie de la population.
Des dizaines de milliers de manifestants ont défilé dans les rues de la capitale indonésienne, après la grande prière du vendredi, transformant les rues du centre de la mégapole asiatique en une mer blanche de longues tenues islamiques. La manifestation, qui a rassemblé 50 000 personnes selon la police, s’est terminée par de violents affrontements entre la police anti-émeute et des participants refusant de quitter les lieux. Selon la police indonésienne, citée par l’agence Associated Press, une personne est morte (possiblement par les effets des gaz lacrymogènes) et sept autres ont été blessées.
Réactions outragées
Les raisons du courroux des radicaux sont la résultante d’une « sortie » malheureuse du gouverneur Basuki Tjahaja Purnama, que tout le monde appelle par son diminutif d’« Ahok » […]
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Le gouverneur, connu pour son franc-parler, est accusé de blasphème envers l’islam à la suite d’une déclaration faite fin septembre. Il avait indiqué que l’interprétation par certains oulémas (théologiens musulmans) d’un verset du coran selon lequel un musulman ne doit élire qu’un dirigeant musulman était erronée.
Face à l’ampleur prise par la polémique alimentée par des fondamentalistes musulmans, le gouverneur surnommé Ahok s’est excusé publiquement. […]
Ahok, qui a succédé fin 2014 à l’actuel président indonésien, Joko Widodo, est très populaire dans l’opinion. Il est apprécié pour son efficacité dans la gestion de la capitale de 10 millions d’habitants au trafic congestionné, où les réformes ont souvent été retardées par une bureaucratie lourde et la corruption.