Jean-Sébastien Ferjou (journaliste Atlantico.fr) réagissait le 9 novembre 2016 sur LCI à la victoire de Donald Trump sur Hillary Clinton à la Présidentielle américaine 2016.
Jean-Sébastien Ferjou : “L’effet de stupéfaction dont ont on est en train de parler là, je crois qu’il faut qu’on sorte un petit peu de notre bocal. Il est certainement à New York, Washington, Hollywood ou la Silicon Valley, mais certainement pas dans le reste de l’Amérique. Je me souviens, quand j’étais aux Etats-Unis lors de précédentes élections présidentielles, notamment lors de la réélection de George W. Bush, le climat était totalement différent. Alors, effectivement, quand on est à New York, les gens sont mécontents, mais au Texas ils ont tous la banane. C’est ça aussi l’Amérique. On dit qu’on ne l’a pas vu venir, mais – pardon de ne pas être modeste – mais ça fait 18 mois que sur Atlantico.fr on en parle. Pas parce que Donald Trump nous plaît comme candidat, mais parce qu’il faut regarder la sociologie qu’il produit.”
Journaliste : “Mais il y a eu un vote caché.”
Jean-Sébastien Ferjou : “Mais vous vous rendez compte du niveau d’intimidation morale qui existe pour pouvoir dire que vous soutenez Donald Trump ? Et pas juste de soutenir, même en terme d’analyse de dire que que vous croyez que son élection est possible, déjà vous vous faites condamner ! Rien que de dire – alors que je ne la souhaitais pas – que je la pensais possible, on est intimidés, il faut que les médias s’en rendent compte. C’est pas les sondages qui se sont trompés, c’est les gens qui lisent les sondages, on voyait parfaitement qu’Hillary Clinton … Regardez Donald Trump, c’est un type qui a accumulé les bourdes à un point invraisemblable, qui a beaucoup moins investi d’argent que les démocrates ne l’ont fait. Hillary Clinton était certes une mauvaise candidate, froide, tout ce qu’on voulait, mais elle n’a pas fait le même nombre de bourdes. Le fait qu’ils étaient aussi proches dans les sondages était un signal d’alerte évident, évident, mais les gens (les élites, l’establishment) ne pouvaient pas se résoudre à cela, n’arrivent pas à croire que leur monde, les autres n’y croient plus. Parce qu’Hillary Clinton, je veux bien qu’elle soit la candidate “progressiste” et qu’elle dise que Donald Trump est un “dangereux extrémiste”, mais quand on est la candidate “progressiste”, et que Wikileaks révèle que dans vos mails, vous allez voir les banquiers en leur disant “injectez de l’argent dans ma campagne parce qu’avec ça, vous achèterez de l’influence”, on peut pas tellement être surpris qu’ensuite, eux, n’y croient pas.”