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Trump a forgé la politique du communautarisme blanc, et les Blancs se la sont appropriée.

(…) Plus que toute autre chose, Trump promet une restauration de l’autorité des Blancs. Après huit ans de présidence d’un Noir, huit années durant lesquelles l’Amérique cosmopolite a exercé son pouvoir et son influence, huit années durant lesquelles les femmes se sont affirmées et durant lesquelles les Noirs ont déclaré que leurs vies ne comptaient pas pour rien, des millions d’Américains blancs ont dit qu’ils en avaient assez. Ils en avaient assez de ce monde et voulaient retrouver celui d’avant. Et bien qu’il soit tentant de voir cela uniquement comme une partie d’un anti-élitisme aveugle, cela n’explique pas la relative unité des électeurs blancs lors de ce vote. Trump n’a pas seulement attiré les Blancs des classes laborieuses mais également les riches et ceux qui avaient fait des études supérieures. Il l’a même emporté chez les jeunes blancs. Dix-sept mois après l’annonce de sa candidature, des millions d’Américains blancs se sont pressés aux urnes pour mettre Trump à la Maison-Blanche. Ils l’ont fait en tant qu’Herrenvolk blanc, peuple dominateur racialisé et radicalisé par Trump.
La politique du communautarisme blanc
Il y a alors un argument facile: comment cela pourrait-il être une question de race alors que Trump a convaincu aussi des électeurs qui avaient voté Obama ? Il y a une réponse facile: John McCain a été complaisant avec des craintes raciales et Mitt Romney a joué sur le ressentiment raciste mais tous deux ont refusé d’aller plus loin. Pour citer George Wallace, ils ont refusé de crier au «nègre». C’est important. En rejetant la politique du racisme explicite et de la réaction blanche, ils ont fait du champ de bataille politique un lieu de préoccupations officiellement aveugles aux questions raciales.
La question raciale était toujours partie intégrante des conflits, c’est inévitable, mais ni les libéraux ni les conservateurs ne s’en prenaient à l’idée d’une démocratie plurielle et multiraciale. Je pensais alors que cela signifiait que nous avions un consensus. Il semble en réalité que nous n’avions qu’une accalmie, et que Trump l’a faite voler en éclats. Par ses jérémiades contre les Hispano-américains et les musulmans, par ses visions de villes contre-utopiques et de réfugiés radicalisés, Trump a dit aux Américains que leurs peurs et leur colère étaient justifiées, que cette peur et et cette colère devaient être le fil conducteur de la politique. Trump a forgé la politique du communautarisme blanc, et les blancs se la sont appropriée.

Slate.fr

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