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Près d’un mois après les émeutes devant le lycée du lycée professionnel Hélène-Boucher de Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis), des jeunes confient au «Monde “leur sentiment d’injustice, face à un système scolaire qui les malmène”.

Près d’un mois après cet embrasement, Le Monde est allé à la rencontre des lycéens de Tremblay pour entendre leur parole, tenter de comprendre leur interprétation de ces événements. Pas à la va-vite, à la sortie des cours, entre bravades et haussements d’épaules. Mais en prenant le temps d’une discussion de plusieurs heures, réfléchie, préparée. […]

Mohammed, 18 ans, ancien élève du lycée Léonard-de-Vinci. Le métier que je voulais faire, c’était éducateur sportif. En 3e, j’envisageais la série ES (économique et sociale), mais on m’a dit qu’avec 11 de moyenne, je n’avais pas les notes pour aller au lycée général. Alors j’ai fait une filière professionnelle vente.

Jonathan. Moi je voulais faire l’armée, être gendarme. En 3e, j’avais 13-14 de moyenne. Je suis allé voir la conseillère d’orientation qui m’a dit que pour ce métier, on pouvait faire n’importe quel bac. Donc j’ai choisi le plus facile, le bac pro.

Mariame, en 1ère au lycée Léonard-de-Vinci. Je n’ai pas le souvenir qu’on nous ait informés plus que ça au collège. On nous a surtout conseillé le bac pro parce qu’il y avait plus de places. Je crois que l’orientation, ça dépend beaucoup des places disponibles.

Sukayna. Je me souviens qu’en 3e, on me disait : si tu ne fais pas d’efforts, tu iras en pro. Même chose en 2nde : attention, tu peux être réorientée en pro. C’était une menace ! Et c’est ce qui s’est passé : on m’a réorientée dans une filière professionnelle après la 2nde. […]

Pensez-vous que l’école fonctionne comme cela partout, qu’elle donne les mêmes chances de réussite à tous ?

Yacine. Clairement non ! Quand je suis arrivé à l’université, j’ai eu l’impression que je n’avais pas passé le même bac que les Parisiens ! On n’avait pas la même culture générale, les mêmes connaissances. J’ai compris qu’en cours, dans leur lycée, personne ne parlait. Ils avaient conscience du fait que s’ils se taisaient, ils apprendraient plus vite, auraient plus facilement le bac et accéderaient à des études supérieures… Nous, on a des classes de 30 à 40 élèves, avec certains parfois qui ne savent pas pourquoi ils sont là ni ce qu’il y a après le bac. […]

Le Monde

Merci à oxoxo

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