Tribune de Dominique Rousseau, Professeur à l’Université Paris-I Panthéon Sorbonne, sur l’élection de Donald Trump.
Que les électeurs américains aient choisi M. Trump ne signifie pas et ne saurait signifier que les élites se sont trompées dans leur description et leur analyse du personnage et de son programme.
Depuis la victoire de Donald Trump, mardi 8 novembre, une idée tourne en boucle : c’est la faute aux élites qui sont déconnectées du peuple. Curieuse idée.
D’abord parce que les Noirs et les Latinos qui sont parmi les Américains les plus pauvres ont massivement voté pour Hillary Clinton comme 53 % des Américains gagnant moins de 30 000 dollars (27 750 euros) par an. Ensuite parce que la candidate démocrate a obtenu plus de voix que son adversaire.
Enfin, et surtout, parce que les élites ont correctement fait leur travail. Elles n’ont pas fait de faute en rapportant et critiquant les propos sexistes de M. Trump. Ni en rapportant ses propos racistes. Elles n’ont pas fait de faute en rapportant ses propositions de remettre en cause le droit à l’avortement, de faire payer aux Mexicains la construction d’un long mur entre leur pays et les Etats-Unis. […]
Les élites, journalistes, intellectuels, experts n’ont pas commis de fautes. Elles ont fait leur métier qui est de donner à voir les programmes, les personnalités et les paroles de ceux qui prétendent gouverner au nom du peuple. Elles ont encore fait leur métier en analysant la vision politique de M. Trump au regard de l’histoire et de la civilisation démocratique américaine. Elles ont donné aux électeurs américains les moyens de choisir leur président en toute connaissance de cause. Ils savaient et ils ont choisi. Ce choix est de la responsabilité du peuple, pas de la faute des élites. […]