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Depuis plusieurs mois, Nicolas Sarkozy et Alain Juppé prétendent être les candidats les mieux placés pour battre Marine Le Pen à la présidentielle de 2017. Après l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis, les deux favoris de la primaire à droite ont repris de plus belle cette posture. Alors que Marine Le Pen est donnée systématiquement qualifiée pour le second tour de la présidentielle dans les sondages, chacun est convaincu de détenir la martingale capable de limiter sa poussée dans les urnes.

« Le protectionnisme est un grand danger pour l’économie mondiale et pour la paix du monde », a déclaré M. Juppé, avant de trancher : « Je n’aime pas le mot de protectionnisme. » Manière de se poser en premier opposant à une des propositions phares du FN.

Nicolas Sarkozy le premier. Pour l’ex-chef de l’Etat et ses partisans, aucun doute : se rapprocher le plus possible du discours du FN est le seul moyen de retenir les électeurs LR tentés par le parti lepéniste ou de récupérer ceux qui ont déjà franchi le Rubicon. Quitte à employer les mots, les thèmes et les accents de l’adversaire. Celui qui se pose en «porte-parole de la majorité silencieuse» assume une ligne très droitière, avec l’objectif de répondre aux préoccupations du « peuple » sur l’islam, l’immigration ou le terrorisme. Quoi qu’en pensent «les élites». «Quand le peuple s’exprime, on doit l’écouter. Le déni de réalité, c’est le plus insupportable», affirme-t-il dans un entretien au Parisien publié le 12 novembre.

Tenir un discours musclé pour séduire l’électorat frontiste : la méthode reste la même depuis la présidentielle de 2007, lorsqu’il avait réussi à en «siphonner» une partie. Même si elle l’a mené à l’échec en 2012, cette stratégie serait, selon lui, la plus efficace. « Je sais comment contrer le FN car j’ai battu le père en 2007 et la fille en 2012», s’avance-t-il. A ses yeux, le succès de Trump valide l’orientation de sa campagne. Celui qui promet, à la manière du magnat américain de l’immobilier, « maîtrise de l’immigration» et « respect des frontières» a vu dans l’exemple américain « le refus d’une pensée unique qui interdit tout débat sur les dangers qui menacent notre nation». […]

Le maire de Bordeaux, lui, fait un diagnostic totalement opposé : pour lui, M. Sarkozy ne fait que légitimer les thèses du FN en les reprenant à son compte. « Les électeurs préféreront toujours l’original à la copie », observe un de ses soutiens. Déterminé à camper sur sa ligne de « rassemblement», M. Juppé estime que son poids dans les sondages et le soutien de François Bayrou – qui s’est engagé à ne pas être candidat contre lui, alors qu’il le serait contre M. Sarkozy – lui garantissent un meilleur score face à Marine Le Pen. […]

Le Monde

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