Avec 300 faits d’incivilités en 2016, dont trois agressions récentes à Marseille, la CGT tire la sonnette d’alarme. La direction se dit très investie.
Transposez la situation à votre quotidien. En cours de journée, vous avez un accrochage avec un client. Banal. Sauf que le soir même, celui-ci qui, par manque de chance, vit dans votre quartier, déboule à votre porte et vous moleste, vous et votre conjoint, sous les yeux apeurés de vos enfants. C’est ce qui est arrivé à une guichetière de l’agence de La Pomme (11e) à Marseille, il y a un mois. Imaginez aussi qu’un de ces usagers vous inflige des coups de cutter, notamment au visage, alors que vous avez dû fermer votre boutique. C’est ce qui est arrivé à un cadre de l’agence de Saint-Mauront (3e) il y a dix jours. Ou encore qu’un autre vous menace de mort et vous jette son téléphone portable à la figure pour un simple problème technique. C’est ce qui est arrivé à une guichetière pas plus tard que lundi à la poste de La Belle-de-Mai (3e).
“Rien que dans cette agence-là, il y a déjà eu des dizaines de faits en 2016”, peste Frédéric Beringuier, l’un des délégués CGT, dont le syndicat exhorte les agents à exercer leur droit de retrait ce matin. “Très régulièrement, par manque de personnels, des agences ferment inopinément. Donc, forcément, entre le fait que les usagers doivent trouver une autre agence et que l’attente est plus longue, la pression monte, continue-t-il. Les agents n’en peuvent plus, le taux d’absence, souvent pour accident de travail, est actuellement de 30 jours par an et par agent ! Et évidemment, en remplacement, on met des intérimaires pas ou peu formés, surtout dans les zones difficiles, ce qui n’arrange rien aux tensions.”
Du côté de la direction de La Poste, Laurent Mirallès, son porte-parole, assure d’emblée que “chaque incivilité est une de trop”, précisant que “La Poste a investi, rien que dans les Bouches-du-Rhône sur les neuf dernières années, près de 20 millions d’euros pour la sécurité de ses employés : neuf agressions sur dix ont trait à l’incompréhension des clients, donc on a mis en place des médiateurs et autres interprètes, ensuite on a formé les agents des 28 bureaux les plus sensibles du département à la gestion des incivilités et nous avons noué des partenariats forts avec les forces de l’ordre.