Rue de Solférino, le grand jeu des chaises musicales pour se recaser après la présidentielle a commencé. Une foire d’empoigne qui fait déjà pas mal de dégâts.
Au PS, ils se sont baptisés les « poètes ». Ils représentent chacun un courant ou un sous-courant du Parti socialiste, et ferraillent dans les commissions électorales pour défendre les candidats de leur camp. En ligne de mire, l’après-présidentielle, que presque tout le monde ici s’attend à vivre comme une défaite. « C’est le sauve-qui-peut», rapporte, effaré, l’un des poètes de Solférino. Car il faut placer les copains, les amis du pouvoir et les proches des grandes figures dans les quelques circonscriptions qui peuvent être sauvées. Quitte à pousser dehors les gêneurs.
La dernière victime s’appelle David Assouline. Le sénateur de Paris a été écarté, mercredi soir en commission électorale, de la liste de Paris aux prochaines sénatoriales. Gros bosseur, il n’a pas grand-chose à se reprocher, sauf peut-être d’avoir navigué dans un nombre trop important de courants : après avoir soutenu Ségolène Royal jusqu’en 2008, il s’est rangé auprès de Martine Aubry en 2011. En fait, il a pris mercredi une balle perdue : Daniel Vaillant, député de Paris depuis 1988 et ex-maire du 18e arrondissement, veut se reconvertir au palais du Luxembourg. L’ancien ministre de l’Intérieur a toujours du poids ; après moult tractations un peu fastidieuses à énumérer, il a obtenu ce qu’il souhaitait, au détriment d’Assouline. « Le Sénat n’est pas la chambre des retraités de l’Assemblée nationale», a répondu ce dernier, ulcéré.
D’autres ténors du PS ont fait les frais de ce laisser-aller général. George Pau-Langevin, par exemple. La ministre des Outre-mer a démissionné de son poste de ministre le 30 août pour préparer la campagne législative (elle est députée sortante de Paris). Le lendemain, sur les marchés du 20e arrondissement, elle découvre avec stupeur que des militants sont en train de distribuer des tracts pour une autre candidate socialiste ! […]