Analyse de Michèle Cotta sur l’opposition entre Juppé et Fillon.
Certes, la conclusion immédiate de ces heures passées sur les plateaux de télévision est que la primaire de la droite et du centre a été une vraie réussite, d’une bonne tenue, que la démocratie y a trouvé sa place, et que la politique y a retrouvé ses quartiers de noblesse. […]
Alors qu’on est près de se réjouir d’arriver à la fin de l’aventure, on reste sur sa faim. On a bien compris que François Fillon envisageait de supprimer 500 000 fonctionnaires et Alain Juppé, 250 000 seulement. Mais sur la durée du temps de travail des fonctionnaires, on est encore peu au clair sur le fait de savoir s’ils feraient 39 heures payées 35, 37 ou 39.
Sur la protection sociale, on voudrait bien savoir quelles sont au juste « les affections graves et de longue durée » qui méritent d’être remboursées par la sécurité sociale et les maladies moins graves ou moins longues qui ne le seront pas. La réponse ne sera donnée par François Fillon qu’après le second tour, si elle est donnée un jour. Quant au CDI revu et corrigé par Alain Juppé, force est de constater qu’il est resté bien flou sur la définition exacte des motifs légaux de licenciement. Bref on se dit que, pour tout comprendre et tout peser, on aurait dû en entendre davantage… […]
Peut-on dire pour autant que Fillon et Juppé représentent deux droites différentes ? L’un serait-il dans le fond plus libéral que l’autre ? Y a t-il entre eux une réelle divergence de stratégie ? Non, c’est seulement sur la tactique qu’ils s’opposent, Juppé ayant ouvert la porte au centre avant le premier tour, Fillon s’apprêtant sans doute à le faire après le second. Tout ça pour ça ?