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L’acteur-réalisateur Vincent Perez ressuscite le livre de l’écrivain allemand Hans Fallada. Et met en garde contre le retour des extrêmes en Europe. Interview.
Dans le Berlin des années 1940, un couple d’ouvriers (Otto et Anna Quangel), dévasté par la mort de son fils unique, décide de résister à Hitler en semant un peu partout dans la ville des dizaines de cartes postales aux messages antinazis. Découvrant les missives les unes après les autres, l’inspecteur Escherich de la Gestapo se lance dans une palpitante chasse à l’homme pour retrouver l’auteur impudent. Seul dans Berlin, publié en 1947 à Berlin-Est, avant d’être redécouvert à l’aube des années 2000, est tiré d’une histoire vraie. Celle de Otto et Elise Hampel, exécutés le 8 avril 1943 à la prison de Plötzensee pour actes de résistance, et dont le romancier a récupéré le dossier au lendemain de la guerre. […]

Seul dans Berlin Bande-annonce VOST – vidéo… par LePoint

Vous avez mis près de dix ans à réaliser ce film. Pourquoi une telle obstination ?
J’ai lu le roman de Hans Fallada en 2007, et j’ai eu un choc. J’entendais enfin la voix de ces Allemands ordinaires qui n’ont pas supporté la montée du nazisme, le quotidien de ces gens obligés de vivre avec leurs convictions sous un régime totalitaire… Mon grand-père paternel a été exécuté très jeune par le régime fasciste de Franco. Et ma famille maternelle a dû fuir l’Allemagne nazie. Ma mère est née en 1939. Ses parents, comme beaucoup d’autres, ont choisi l’exode vers l’Est et passé cinq ans sur les routes avant de pouvoir revenir dans leur pays une fois la guerre terminée. Avoir du sang allemand me posait beaucoup de questions, et pour la première fois, un livre me donnait des éléments de réponse. En me rendant en Allemagne sur les traces de mes ancêtres, je me suis aperçu qu’aucun membre de ma famille n’avait été membre du parti nazi. Or, ne pas adhérer était considéré comme un acte de résistance.
Sur les 285 cartes postales disséminées par Otto et Anna dans Berlin, seules 18 ne sont pas rapportées à l’inspecteur Escherich, chargé de retrouver les auteurs…
Le personnage d’Escherich est intéressant, car il n’est pas nazi mais tout de même chargé de retrouver ceux qui sont considérés comme des traîtres à la patrie. Il subit d’ailleurs une pression terrible de la part des SS. C’est un peu chacun d’entre nous, ce personnage. Avec nos doutes, notre conscience, nos faiblesses…
Le film fait-il écho à la montée des populismes que l’on vit aujourd’hui ?
Incontestablement. Que sont ces cartes postales sinon les tweets d’aujourd’hui ? Il ne faut pas oublier que, dans les années 1920, les Allemands se moquaient des nazis en disant que le parti n’irait jamais nulle part. L’histoire nous montre que si nous ne sommes pas attentifs, cela peut se reproduire. Le film fait, bien sûr, réfléchir sur la montée des extrêmes que l’on voit ressurgir un peu partout en Europe.
Le Point

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