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Connaître le vocabulaire des jihadistes est essentiel pour comprendre un phénomène qui se diffuse aujourd’hui par Facebook ou Twitter.

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Si autrefois le discours jihadiste était cantonné à des forums spécialisés, peu connus du grand public et de la majorité des internautes, ce discours est désormais présent partout grâce à la puissance des réseaux sociaux, en particulier Facebook et Twitter. Cette accessibilité à la propagande jihadiste n’est toutefois pas synonyme de meilleure intelligibilité du phénomène, tant celui-ci paraît toujours aussi obscur aux yeux du plus grand nombre, à commencer par son vocabulaire, inspiré d’un arabe médiéval dont l’usage ne subsiste plus aujourd’hui que dans certains milieux traditionalistes. Parvenir à déchiffrer ces références religieuses, leur histoire et le narratif contemporain véhiculé par la « culture jihadiste », à travers ses ouvrages de référence ou ses chants guerriers, est sans doute la principale raison d’être de la jihadologie. Même lorsqu’il s’agit de francophones, on constate l’utilisation récurrente d’un vocabulaire particulier et parfois déroutant, que nous proposons à travers ce lexique d’élucider.

Aqida : en fonction du contexte dans lequel il est employé, ce terme peut désigner à la fois le dogme islamique (les six piliers de la foi musulmane consistant à croire en Dieu, aux anges, aux livres révélés, aux prophètes, au jour du jugement dernier et au destin bon ou mauvais) ou l’idéologie d’un courant islamiste en particulier, en d’autres termes ses spécificités politico-religieuses par rapport aux autres tendances.

Baqiya : slogan de l’Etat islamique signifiant «il restera» [1].

Bid‘a : ce mot signifie «innovation», dans l’esprit des salafistes ce ne sont pas les innovations techniques telles qu’Internet, les avions ou la robotique, qui sont rejetées, mais les innovations dogmatiques ou, le plus souvent, liturgiques.

Dogma : dans les dialectes utilisés dans les pays du Golfe, ce terme signifie «bouton» pour désigner le bouton rouge actionné par le kamikaze lorsqu’il conduit une voiture piégée. Dans le langage courant employé par les jihadistes, y compris pour les francophones, il s’agit d’une attaque kamikaze. Ce mot a été popularisé dans les milieux jihadistes par Abu Hajar al-Hadrami, ancien chanteur d’Al-Qaïda dans la Péninsule Arabique (AQPA) tué par une frappe de drone américain en juillet 2015, dans un nashid (voir la définition) où le terme dogma apparaît dans le refrain [2].

Inghimasi : désigne littéralement celui qui se plonge ou se fond dans un élément, contrairement au kamikaze, l’inghimasi combat les armes à la main tout en portant une ceinture explosive autour de son corps qui est actionnée seulement lorsque celui-ci n’a plus de munitions ou qu’il se sent piégé. Même si cela reste assez rare, il arrive qu’un inghimasi revienne vivant d’une mission, ce qui n’est jamais le cas du kamikaze, qui est tué ou capturé en cas d’échec.

Ghanima : il s’agit du butin pris au combat sur le champ de bataille. Les théologiens médiévaux, notamment Ibn Taymiyya, établissent une distinction entre le butin (ghanima), pris par la force, et le fay, qui constitue le butin pris sans violence, que ce soit par une taxe imposée aux populations soumises, notamment les dhimmis, ou par n’importe quelle autre façon [
3].

(…) Jihadologie

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