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Tribune de Laurence De Cock, Mathilde Larrère, Guillaume Mazeau, historiens et enseignants, qui dénonce l’accumulation de “manipulations les plus délirantes de l’histoire”.

En janvier dernier, Manuel Valls, emboîtant le pas à l’éditorialiste Philippe Val qui s’en était déjà pris en 2015 au « sociologisme », affirmait toute honte bue qu’« expliquer le djihadisme, c’est déjà un peu vouloir excuser ». Depuis, un détestable climat de suspicion à l’égard des sciences sociales doublé d’un procès en complicité se sont installés. La brèche ouverte, nombreux s’y engouffrent. Ces derniers temps, c’est ainsi l’histoire qui fait l’objet de cet assaut contre l’intelligence. Dans la lignée des Michel Onfray, Dimitri Casali ou Lorànt Deutsch, dont le fonds de commerce consiste à démolir la recherche universitaire, soutenu par les catholiques de la Manif pour Tous opposés à la toute fantasmée « théorie du genre », François Fillon dénonce à son tour l’école comme une « instruction honteuse » dont le tort serait, à l’en croire, d’enseigner aux enfants que le passé serait « source d’interrogations ».
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Les Gaulois sont redevenus nos ancêtres, la colonisation est un « partage de culture » et, il y a quelques jours, Jacques Bompard, homme politique d’extrême-droite et soutien de Fillon, a déposé un projet de loi proposant que la République française demande pardon aux rois de France pour le saccage de leurs sépultures en 1793. Le pas de l’absurde est franchi. Tout est possible désormais, y compris les plus larges libertés vis-à-vis de la vérité apparemment. Il faut dire que, de l’autre côté de l’Atlantique, les créationnistes, les racistes et les climatosceptiques viennent de propulser à la Présidence de la première puissance mondiale, un homme qui affirme sans sourciller que le réchauffement climatique est un concept inventé par les Chinois pour nuire à l’Amérique. […]

Que devient un pays dans lequel toute parole, proférée en dépit du patient travail d’élaboration des connaissances, est érigée en vérité première ? Que devient un pays qui pose comme préalable la défiance envers son Université et son École ? Que devient un pays qui accuse ses savants, ses intellectuels et ses professeurs d’être responsables du déclin national ? Que devient enfin une démocratie dans laquelle la notion même de vérité n’a plus cours ? […]

Le Monde

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