La victoire du candidat écologiste à la présidentielle de mai ayant été invalidée, le second tour se rejoue dimanche. Au profit de l’extrême droite s’interroge Le Point ?
Le feuilleton prêterait à rire si un happy end était garanti. Mais dimanche soir, l’Autriche pourrait se retrouver avec un président d’extrême droite. Une première en Europe depuis 1945. […]
Un nouveau scrutin est annoncé pour le 2 octobre, avant d’être reporté in extremis : la colle des enveloppes est défectueuse ! C’est ainsi que les électeurs se retrouvent dimanche 4 décembre pour rejouer la finale. Ils n’ignorent plus rien des forces en présence. Au centre gauche, Van der Bellen, universitaire septuagénaire et vaguement compassé, dont le sérieux et la tempérance rassurent autant que son absence de charisme le dessert. À l’extrême droite, Hofer, quadragénaire handicapé depuis un accident de parapente, qui tente de faire oublier son appartenance au FPÖ par une modération dans le propos et une courtoisie inattendues. […]
En outre, l’Autriche, en sa qualité de « première victime du nazisme », n’a pas été portée sur l’introspection après la guerre, alors que l’Allemagne a été largement dénazifiée. En conséquence, la notion de cordon sanitaire qui, dans d’autres pays européens, incite les partis modérés à se liguer pour barrer la route du pouvoir à l’extrême droite y est inexistante.
En 1999, les conservateurs s’étaient assurés de l’appui du FPÖ pour accéder à la chancellerie et ce parti est aujourd’hui encore associé à des exécutifs régionaux : avec les conservateurs en Haute-Autriche et même avec les sociaux-démocrates dans le Burgenland. Élire pour président de la République un extrémiste aussi souriant que Norbert Hofer ne constitue donc en rien un tabou.