Une épaule arrachée, une jambe et le nez cassés, trois côtes fracturées, le crâne ouvert et soixante jours d’ITT. Stéphane s’est vu mourir, cette nuit du 12 novembre dans une ruelle de Bobigny. Ce trentenaire de Saint-Maur (Val-de-Marne) était venu pour un rendez-vous amoureux conclu une heure plus tôt sur un site de rencontres homosexuelles. Il devait retrouver « Anthony », à la cité du Pont-de-Pierre. Mais près du stade, Anthony avait trois visages. Deux jeunes gens de 17 et 18 ans ont été arrêtés avant-hier. Bilal, majeur, était jugé ce vendredi en comparution immédiate au tribunal de Bobigny.
« C’était un véritable traquenard, un guet-apens », résume la présidente. « Ça a duré trois ou quatre minutes. Sur le coup c’est vraiment très long, je ne suis pas tombé dans les pommes, j’ai eu une montée d’adrénaline », raconte Stéphane, le bras en écharpe et soutenu par une béquille. Il se souvient des coups de barre de fer, de poing américain et même de brique. Il se rappelle qu’on lui a volé son téléphone, « un iPhone pourri », et qu’un des agresseurs « pleurait à moitié en disant Arrête, c’est bon, on s’en va. » L’autre répondant : « On finit ce qu’on a dit, sale pédé. »
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Dix-huit ans et demi, pas très athlétique, Bilal est à peine audible depuis le box. Les policiers de la brigade enquête-initiative (BEI) du commissariat de Bobigny les ont retrouvés, lui et le mineur, grâce au profil Internet laissé sur le site de rencontres.
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Pas une garde à vue, fils aîné modèle, bachelier, sportif et pratiquant la prière, son profil est en total décalage avec l’inouïe violence des faits. Il assure connaître des homosexuels, mais que si lui l’était, « ce serait problématique », « par rapport à [sa] famille et [sa] religion ». Que penser de ces insultes homosexuelles échangées à longueurs de discussions téléphoniques entre les deux suspects arrêtés ? Du peu de remords ? Et encore des images de pénis trouvés sur le portable du mineur ? « Il cristallise l’homosexualité, le mal absolu, mais c’est peut-être un peu de soi-même aussi », suggère l’avocat de la défense, Me Florian François-Jacquemin, qui réclame une peine assortie d’un suivi psychologique, « pour comprendre ». Le tribunal est de cet avis, en prononçant quatre ans de prison dont deux avec sursis et obligation de soins, avec mandat de dépôt à l’audience vu « l’extrême gravité des faits ». Le mineur, lui, a été placé en détention provisoire.
Merci à Bobbynette