Depuis un an qu’il est entré en France sans papiers, Kab veut reprendre ses études. Mais les programmes de Normale Sup pour les demandeurs d’asile ne peuvent l’accueillir : il vient du Sénégal et parle le français. Et de rendez-vous manqués en incompréhensions, toutes les portes se sont fermées.
Les militants d’associations des droits de l’homme qu’il a rencontrés lui ont dit et redit : ses chances sont égales à zéro, un zéro pointé de l’espoir, un zéro absolu en terme de droit.
En attendant, Kab écrit au Bondy Blog pour «assouvir le désir d’écrire».
Il appelle ça un «rendez-vous qui n’en finit pas». Cela fait un peu plus d’un an que Kab se trouve en France après avoir suivi le chemin de tant de réfugiés depuis les plages libyennes, à Lampedusa, l’île des premiers pas dans l’Union européenne.
Ce que veut Kab ? Reprendre des études abandonnées en quittant l’Afrique et s’inscrire dans une université française et la plus prestigieuse d’entre elle si possible, la Sorbonne.
Beaucoup de ceux qui partagent son sort de clandestins espèrent du travail, ceux qui viennent de la corne de l’Afrique recherchent la sécurité ou la liberté, lui, est en quête de savoir. […] Il y a un an, il ne connaissait pas encore les règles élémentaires de comportement que doit s’imposer le «sans-papiers». La première : ne jamais avoir son passeport sur soi ou chez soi, pour éviter un retour immédiat au pays. Ensuite, il faut éviter les gares, les lieux de grandes transhumances comme les couloirs du Châtelet ou de la gare du Nord, n’avoir aucun signe distinctif, même le plus banal. Il doit s’effacer. […] Il faut ajouter que Kab a un handicap insurmontable, ineffaçable. S’il a fui l’Afrique, s’il est monté sur ces embarcations pneumatiques blanches, qui partent de la plage de Libye, après s’être fait dépouiller de tout objet de valeur, de billets de banque, de papiers d’identité, de téléphone portable, s’il a vu la mort de près, il est le ressortissant d’un pays démocratique, le Sénégal, dont les citoyens n’ont aucune chance d’obtenir le statut de réfugiés comme les Syriens, les Irakiens ou les Somaliens. […] Libération