La réception de l’écrivain d’origine russe Andreï Makine jeudi à l’Académie française a été marquée par un plaidoyer en faveur de la Russie, au moment où à Bruxelles les dirigeants européens tentaient d’accentuer la pression sur Moscou pour infléchir sa position dans le conflit syrien mais aussi en Ukraine.
Andreï Makine a […] profité du traditionnel discours de réception, pour plaider en faveur de “l’entente franco-russe” en retraçant les liens historiques, littéraires et spirituels entre les deux nations.
A rebours de la position officielle de la France qui dénonce depuis deux ans l’annexion de la Crimée et les atteintes de Moscou à l’intégrité territoriale de l’Ukraine, l’écrivain a évoqué l'”horrible tragédie ukrainienne” en condamnant “la guerre fratricide orchestrée (à Kiev) par les stratèges criminels de l’Otan et leurs inconscients supplétifs européens”.
Dans son discours, Andreï Makine a regretté que “les grandes puissances” occidentales “jouent avec le feu, en livrant des armes aux intégristes, en les poussant dans la stratégie du chaos, au Moyen-Orient”.
“Qui aurait, aujourd’hui, l’impudence de contester le martyre de tant de peuples, musulmans ou non, sacrifiés sur l’autel du nouvel ordre mondial globalitaire?”, a demandé celui qui succède à l’Académie à l’écrivaine algérienne Assia Djebar, morte en février 2015.
Il a évoqué “le demi-million d’enfants irakiens massacrés, la monstrueuse destruction de la Libye, la catastrophe syrienne, le pilonnage barbare du Yémen”. Il n’a toutefois pas fait mention du sort d’Alep qui vit les derniers jours d’un siège sanglant mené par le régime syrien avec l’appui décisif de l’aviation russe.
Interrogé par l’AFP à l’issue de la cérémonie sous la Coupole, Andreï Makine, vêtu de son habit vert dessiné par Giorgio Armani et épée à la main, a jugé “ridicules” les accusations contre la Russie à propos d’Alep: “voilà une ville bombardée pendant quatre ans, les Russes arrivent et ce sont eux les responsables! C’est ridicule”.
A propos des sanctions européennes contre la Russie, l’académicien, salué par une haie d’honneur de 15 gardes républicains, a estimé qu’en agissant ainsi “l’Europe se punit elle-même par bêtise”.
France 24