Retraités ou encore salariés, des sympathisants et militants de droite, de Meurthe-et-Moselle ou de Moselle, adeptes d’une droite populaire, avouent qu’ils ont du mal à se reconnaître dans ce candidat bourgeois et rigide.
Certains ont voté au deuxième tour de la primaire de la droite à reculons. D’autres n’y sont même pas allés. François Fillon ne leur « parle » pas. Ils n’aiment ni le personnage ni son programme.
Il y a d’abord le personnage, qui ne les séduit guère. Son côté chatelain de province, «froid» et «austère». «Je ne le trouve pas assez pétulant, lance d’emblée Chantal Pierquin, qui habite dans un quartier prioritaire de Vandœuvre-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle).
Pour bien se faire comprendre, cette retraitée de la Poste ajoute : «il a toujours un air dédaigneux», en se remémorant une sortie de militants à Strasbourg « avec tout le gratin du RPR ». Cette petite dame rousse de 78 ans, croix de Lorraine au cou, préfère la députée européenne (Les Républicains, LR), Nadine Morano. Avec des mots choisis, Chantal dépeint l’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy comme un portrait inversé du candidat Fillon : «Elle est issue d’une famille modeste et elle ne se la pète pas. » A la primaire, elle a voté Copé parce que, lui, est « près des gens». […]
Ce jugement d’un candidat trop éloigné des préoccupations populaires, Jean-Michel Pailler, sympathisant de droite de 41 ans, le partage totalement. […] En tête de ses inquiétudes, la proposition choc de M. Fillon de confier aux mutuelles et aux complémentaires santé la prise en charge du remboursement des maladies courantes. Les récentes tentatives de déminage du candidat n’ont en rien calmé ses critiques : «La bobologie, comme il l’appelle, on y est sans cesse confronté quand on a des enfants. C’est un vrai budget pour les familles et leur demander de prendre une assurance privée pour y faire face, ça ne va pas», argumente Jean-Michel.
«Il dit qu’il a fait le tour de la France mais il n’a pas vu le vieillissement de la population, les fermetures d’hôpitaux et de cliniques ? Ici, il faut faire 120 kilomètres quand on veut faire une radio…», s’agace ce quadragénaire dans sa polaire grise et son pantalon de grosse toile.[…]
Philippe Pollo, cadre dans une PME de chauffage à Maizières-lès-Metz (Moselle), solide moustachu aux allures de Mario, qui côtoie le parti depuis 1981, est persuadé qu’avec un programme pareil, la campagne de l’ancien premier ministre «ne marchera pas. Il va falloir qu’il trouve d’autres solutions s’il veut être élu». […]
Le Monde