Les élites sont de plus en plus mises en accusation. Sont-elles déconnectées de la vie des peuples ? Frédéric Mion, directeur de Sciences Po, où beaucoup de dirigeants politiques et économiques sont passés, répond.
Beaucoup de dirigeants politiques et économiques sont passés par Sciences Po. Les élites sont de plus en plus mises en accusation. Sont-elles déconnectées de la vie des peuples ?
Les résultats de plusieurs scrutins récents en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis ou ailleurs semblent le montrer. Il y a une perte de légitimité, et donc probablement de crédibilité, des élites auprès des électeurs et des électrices. Il y a une autre réalité qui est que les élites, c’est-à-dire les responsables politiques, les universitaires, les journalistes, se sont tous laissé surprendre par ce phénomène. Il y a quelque chose de profond à l’oeuvre dans les pays occidentaux dont les élites n’étaient pas pleinement conscientes.
D’où vient cette déconnexion ?
Nos compatriotes ressentent une forme d’inadéquation entre les défis d’aujourd’hui et celles et ceux qui sont censés aider à les relever. Une inadéquation qui ne permet pas aux élites politiques en particulier de résoudre les questions qui préoccupent nos concitoyens. […]
Mais nos démocraties ont-elles encore besoin d’élites et d’expertise ?
Oui, les démocraties ont besoin d’élites. C’est un besoin absolument vital. Nemat Shafik, une Anglo-Egyptienne formée à Oxford qui a rejoint l’administration britannique et les institutions internationales et qui va prendre prochainement la tête de la London School of Economics (LSE), me disait récemment que sa priorité sera de réhabiliter le rôle et la place de l’expertise. […]
Regardez, par exemple, l’écart qui existe entre les experts et l’opinion publique sur une question comme les migrations. Le consensus des experts est qu’elles sont vertueuses. Toute la recherche, toute la littérature prouvent qu’accueillir des immigrés a un impact positif sur un pays. Et pourtant, le ressenti des populations, c’est un consensus exactement inverse ! Comment faire se rencontrer ces deux visions ? C’est l’une des questions majeures pour les décennies qui viennent pour nos démocraties.
Comment définir le populisme ?
Comme la volonté de proposer à l’opinion des réponses simples, voire simplistes, au mépris de la complexité, en faisant appel à l’émotion plus qu’à l’intelligence. C’est ce qu’on a vécu lors de la campagne du Brexit.
Une campagne pendant laquelle certains ont sciemment menti. La capacité à susciter la peur et l’angoisse l’a emporté. […]
Où en êtes-vous de l’achat de l’hôtel de l’Artillerie, dans le 7e arrondissement de Paris ? L’investissement de 200 millions d’euros est-il justifié ? La Cour des comptes se demande si vous n’êtes pas trop ambitieux…
Ces 14.000 m2 permettront, en 2021, de créer un vrai campus au coeur de Paris. Les bénéfices seront considérables pour l’attractivité de notre école. […]
Merci à handsome55