Une adolescente qui fait battre le cœur de deux mineurs, des fratries rivales. Ou les ingrédients d’une grosse bagarre qui a éclaté à Herserange, en janvier dernier. Des coups et beaucoup de confusion. Face à ce casse-tête, le tribunal s’est laissé du temps pour juger.
Ça va aller ? », demande le président. « Oui, oui, c’est pas grave », répond le traducteur, souffrant d’une extinction de voix. De toute façon, l’interprète de ce prévenu qui parle le kabyle n’aura pas le loisir de s’exprimer longuement. Car dans ce genre d’affaire, les protagonistes ne sont guère loquaces, préférant laisser les magistrats dans le flou.L’affaire en question : une belle bagarre générale, avec plusieurs individus et une multiplicité d’armes. Un sacré désordre sur la voie publique et un beau casse-tête pour les juges du tribunal correctionnel de Briey, qui doivent comme on dit dérouler la pelote de laine.
On va retenir l’essentiel : deux adolescents dont le cœur bat pour la même fille, deux fratries rivales et, au final, quatre prévenus poursuivis mardi pour violences aggravées. Deux autres lascars, les mineurs en question, auront affaire ultérieurement au tribunal pour enfants.
La rixe qui nous intéresse éclate le 3 janvier 2016, à Herserange. Ramzy* se rend dans un café pour chercher des noises à Jamel. Cela fait plusieurs jours que ces deux ados de 16 ans s’échangent des amabilités sur les réseaux sociaux à propos de la même fille qu’ils “kiffent”. Mais, selon les auditions, Ramzy vient armé d’un couteau papillon. Abdel, le frère de Jamel, s’en mêle. Le jeune de 20 ans frappe Ramzy
Surgit tout à coup une Golf avec Rafik et Rachid. Agés de 22 et 32 ans, ils sont respectivement les frère et cousin de Ramzy. Ne parlant pas le français (d’où les services de l’interprète à la voix éteinte), Rachid est arrivé fin 2015 dans l’Hexagone. Naturellement, ce dernier et Rafik prennent part à la bagarre même s’ils affirment n’avoir jamais donné de coups. « On a juste voulu les séparer », clame le duo. Enfin, un 6e joyeux luron, Kamel, intervient dans ce violent ramdam. Du haut de ses 20 ans, il se trouvait dans le café avec Jamel et Abdel. Et bien entendu, il “roule” pour eux. C’est le seul à ne pas s’être déplacé au tribunal pour livrer sa version.Difficile de savoir qui a fait quoi. Ce que l’on sait, c’est que des armes ont été utilisées. Un clan a usé d’une batte de base-ball ; l’autre d’une barre de fer. Un poing américain aurait également servi. En tout cas, les blessures sont sérieuses. C’est Abdel qui a été le plus sévèrement touché : fracture du poignet et trois semaines d’arrêt.
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Le Républicain Lorrain