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En France, plus de 60 000 femmes auraient été excisées. Si les chirurgies réparatrices existent, le plus dur est souvent de réussir à parler de ce traumatisme.

Aujourd’hui, Mintou est une jeune femme « réparée ». Réparée ? C’est-à-dire qu’elle n’est plus excisée, et c’est important pour elle de le dire : « J’ai été excisée bébé à Paris. J’avais à peine quelques jours. J’ai vécu incomplète jusqu’à mes 25 ans. Je suis une autre femme, je suis réparée, je suis complète. »

La réparation dont parle Mintou, ce n’est pas uniquement celle de son clitoris, même si elle a été pratiquée il y a huit mois, mais celle de son identité de femme, de son psychisme, de tout son être en somme. Un équilibre retrouvé entre son corps et son esprit, grâce à l’opération et grâce à la prise de conscience qui l’a accompagnée. Pour la psychanalyste Catherine Bensaïd, le traumatisme de l’excision est comparable à celui du viol : « Ces femmes qui ont été agressées dans leur intimité sont fragilisées de façon irrémédiable. »

(…) En France, même si les chiffres sont difficiles à établir, on estime à plus de 60 000 le nombre de femmes excisées. Et selon la fédération GAMS (Groupe pour l’abolition des mutilations sexuelles), 350 excisions sont encore perpétrées chaque année – estimation basse. Le 23 novembre, le ministère des droits des femmes a présenté un cinquième « plan de mobilisation et de lutte contre toutes les violences faites aux femmes », dont trois mesures visent à renforcer la prévention de l’excision et à maintenir un accompagnement solide auprès des femmes et fillettes concernées.
Pour ceux qui la pratiquent, l’excision est censée préserver les femmes de l’infidélité lorsqu’elles seront mariées. Privées de plaisir, elles n’iront pas le chercher ailleurs. A tel point qu’une fille qui n’est pas excisée n’est pas bonne à marier. Il importe de pré­ciser qu’aucun précepte religieux n’exige cet acte sanglant.(…)

(…) D’origine malienne, Mintou n’avait pas un mois quand elle a été « coupée » à Paris par la célèbre exciseuse Hawa Greou, qui sera condamnée à huit ans de prison (dont cinq ans ferme) en 1999. C’est sa mère et sa grand-mère qui l’ont emmenée. Comme quatre de ses cinq autres sœurs. Avec un couteau auquel elle prêtait la force des esprits, l’exciseuse a tranché le clitoris du nourrisson d’un geste sûr et ferme, que sa mère et sa grand-mère répétaient jadis. Une excision de « type 1 », comme le dira plus tard le docteur Foldès à Mintou : seul le clitoris a été découpé, l’exciseuse a épargné les petites lèvres.

Le Monde

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