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L’humoriste Amelle Chahbi, de 36 ans à l’affiche de “Où est Chahbi ?”, mis en scène par Josiane Balasko, a coréalisé un documentaire, “ais pourquoi nous détestent-ils ?” D’abord diffusé sur Planète+, ce film est désormais en salle.

Elle y interroge, avec d’autres, la France qui a peur, celle qui se retranche derrière ses certitudes sur tout un chacun, noir, juif, arabe.
Elle a été révélée par le Jamel Comedy Club revient sur son “Où est Chahbi ?”, mis en scène par Josiane Balasko, mais également sur ses convictions de jeune militante antiraciste.

(Josiane Balasko et Amelle Chahbi)

Dans le documentaire Pourquoi nous détestent-ils ?, vous dites ne vous être jamais construite « à coups de discriminations ». Comment alors avoir une légitimité à parler de ces problèmes ?

Je n’ai pas connu de façon frontale en effet la discrimination. J’ai grandi à Paris, parmi cette immigration du centre de Paris, mélange de Turcs, maghrébins… J’ai eu cette chance, c’est indéniable. Mais j’explique avoir été témoin de cette discrimination […].

Vous dites également être très mal à l’aise dans la France actuelle. Pourquoi ?

Je le dis par rapport à tous les événements qui se sont passés. À chaque attentat, je suis mal à l’aise. Ces gens qui partent en Syrie, reviennent, ce sont des jeunes qui me ressemblent. Je suis mal à l’aise des deux côtés. Je suis triste évidemment, une boule au ventre, je rumine, me demandant quoi faire. Ce documentaire m’a permis d’être actrice de ces questions et non plus seulement spectatrice. J’espère que le jeune tenté par la Syrie trouvera dans ce documentaire les bonnes questions à se poser, de même que la personne tentée par le FN. C’est une modeste pierre à l’édifice, je le sais, mais j’essaie. […]

Tata Zouzou est un personnage-clé de ce spectacle…

Tata Zouzou, c’est ma mère, ma tante. Elle est emblématique de cette génération qui est venue en France dans les années 70 pour un avenir meilleur pour leurs enfants. Mais elle ne voulait absolument pas déranger, elle est restée discrète, voulait travailler simplement.

Notre génération ne rase plus les murs, peut-être est-ce cela qui gêne maintenant. Mais c’est ce qui fait que la France est belle, ce multiculturalisme. Il faut désormais accepter cela, plutôt que de parler encore d’intégration. Nous sommes là, nos enfants aussi. L’intégration n’a plus à se faire, elle est faite.

[…]

Mon public a d’ailleurs évolué. De très communautaire, il s’est s’élargi, du fait je pense que ce soit mis en scène par Josiane Balasko. J’ai veillé à éviter l’écueil de rire communautaire, en travaillant et en choisissant les lieux où je joue mes spectacles. Mais c’est mon souhait que mon public s’élargisse, sociologiquement et dans les origines. Le mélange est important.

Le Point/Afrique

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