Tandis que Benoît Hamon a relativisé l’interdiction des femmes dans certains cafés, Vincent Peillon a lié laïcité et islamophobie. Pour Céline Pina, les deux candidats de la primaire sacrifient l’intérêt général à leurs calculs électoraux.
Ancienne conseillère régionale d’Ile-de-France, Céline Pina est essayiste et militante. Elle avait dénoncé en 2015 le salon de «la femme musulmane» de Pontoise et a récemment publié Silence Coupable (éditions Kero, 2016).
Le député de Trappes [Benoît Hamon] n’oublie pas que son avenir est dans sa réélection aux Législatives et il se garde de se mettre à dos sa clientèle des quartiers. Sacrifier à cette noble cause l’égalité femmes/hommes ne lui pèse guère.
Quand on est un citoyen engagé, la primaire du PS peut laisser pantoise. Le «Tout Sauf Valls» entraîne les candidats les plus à même de les remporter à faire assaut de relativisme sur deux points essentiels de notre contrat social: l’égalité entre les femmes et les hommes d’une part, la laïcité d’autre part. C’est vendredi, sur BFM-TV, Vincent Peillon qui explique à Ruth Elkrief que la laïcité est utilisée pour attaquer «un certain nombre d’identités historiques et culturelles» et notamment les musulmans. Et dimanche, sur France 3, Benoît Hamon qui relativise le scandale que représente l’exclusion des femmes des cafés et de l’espace public à quelques kilomètres de Paris (même si le député de Trappes a cherché à relativiser son relativisme sur BFM-TV le lendemain…). […]
Marwan Muhamad, leader islamiste et président du CCIF (Comité contre l’islamophobie en France) doit exulter. Les deux hiérarques socialistes font son travail de propagande et relaient ainsi les principales thématiques des frères musulmans. La première vise à présenter comme une agression et une oppression le fait de demander à l’Islam d’accepter le régime qui s’applique à toutes les religions dans notre pays et qui fait de la loi que se donnent librement les hommes la règle d’organisation de notre sphère publique et non la soumission à un dogme soi-disant décrété par un dieu. La deuxième présente des revendications intégristes et obscurantistes, utilisées par les islamistes pour faire reculer les principes et idéaux de nos sociétés, comme des revendications liées aux musulmans. La troisième a pour but de faire de la laïcité une forme d’intolérance religieuse quand elle défend en fait l’exercice des libertés. La quatrième fait du recul des droits des femmes et du refus de les défendre, une des marques de la propagation de l’influence des islamistes chez les Français de confession musulmane et au-delà.. […]
En langage gauche de la gauche, cela signifie: les questions religieuses n’existent pas, elles ne travaillent pas les hommes, ne font pas partie des interrogations fondamentales face à la vie. Seule existe la question sociale et si nous étions en période de plein-emploi, la violence islamiste n’existerait pas. À ce stade de déni et d’aveuglement, on ne sait guère que répondre, si ce n’est qu’un politique incapable de défendre l’égalité entre les hommes et les femmes, ne risque pas d’être efficace pour résoudre la question des inégalités économiques et sociales. […]
Quand on est femme, voir à quel point, en France, on peut bafouer nos droits sans que cela provoque autre chose que de la gêne chez certains hommes politiques, a de quoi inquiéter sur la pérennité de nos droits. Voir ces hommes politiques renoncer à défendre clairement cette égalité par crainte de perdre la clientèle radicalisée des quartiers, provoque légitimement notre inquiétude et notre colère. Les voir incapables de se rendre compte qu’en nous sacrifiant c’est tout ce que nous sommes en tant que peuple et que nation qu’ils sacrifient, nous interroge sur l’état de déliquescence de notre représentation.