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Bertrand Périer se définit comme un accoucheur de mots. « Parfois par voie basse, parfois aux forceps, mais le bébé est toujours beau », s’amuse- t-il. Depuis quatre ans, cet avocat au Conseil d’Etat anime une formation à l’art de la rhétorique dans le cadre d’Eloquentia. Un concours, sur le modèle de la prestigieuse Conférence des avocats du barreau de Paris, qui invite les étudiants de Seine-Saint-Denis, tous cursus confondus, « à prendre la parole et à briser le plafond de verre du déterminisme ».

Encore anonyme il y a un mois, c’est dans le documentaire A voix haute, diffusé en novembre sur France 2 et vu des millions de fois sur YouTube, que la médiasphère a découvert ce professeur impliqué et tumultueux. « Eloquentia, c’est le samedi matin, au bout de la ligne 13, ça dure quatre mois, ce n’est pas payé. Si on le fait, c’est qu’on y croit ! », s’enthousiasme l’homme de droit, passé maître en argumentation.

Derrière ses petites lunettes rondes à écailles, Bertrand Périer a la voix forte et enjouée. Son énergie et sa répartie suffisent à convaincre. Pourtant, le conférencier avoue avoir une histoire d’amour contrariée avec la parole. « A l’origine, j’étais un grand timide, j’étais très angoissé par le regard des autres, se souvient-il. Devenir avocat a été pour moi une sorte de thérapie, qui se poursuit encore aujourd’hui avec Eloquentia. »

(…) C’est en 2012 que l’initiateur d’Eloquentia, Stéphane de Freitas, le repère à la Conférence Olivaint, une association étudiante où l’avocat anime alors ses premières séances d’art oratoire. Aux côtés de collègues du barreau, de slameurs, et de metteurs en scène, Bertrand Périer fait naître chez ses élèves le plaisir de la conviction. L’art de choisir, de formuler, d’agencer ses arguments. « L’art de se faire entendre et de prendre le pouvoir, renchérit-il, ce qui, au départ, paraît impensable à ces jeunes issus de quartiers stigmatisés. »

(…) Le Monde

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