Les sociologues le constatent à chaque étude : les adolescentes ont intégré tous les stéréotypes de genre. Mais ce n’est pas ce qui détermine, selon elles, leur rôle dans la société. Loin des revendications de leurs aînées, elles privilégient des valeurs individuelles et envisagent très bien leur bonheur personnel en dehors du couple. Mais avec l’âge et l’expérience, leur vision change…
Pour son 17e anniversaire, Manon a demandé un… mixeur. La jeune fille en aura l’utilité : elle adore cuisiner et celui de la maison est en fin de parcours. Un cadeau sage, raisonnable, qui a beaucoup surpris sa mère : « Je croyais qu’elle allait me demander le nouvel iPhone. Ou des boucles d’oreilles, des places de concert, je sais pas moi, un truc de son âge ! Pas un truc que mon père offrait pour la Fête des mères ! » Et cette fringante quadra qui jongle entre la direction d’une petite entreprise, un mandat électif local, quatre enfants, deux ex-maris et un nouvel « amoureux », de s’inquiéter : « Mon ado serait-elle réac ? »
“Eux” les garçons, et “nous” les filles
La question est légitime. Régulièrement, la parution d’enquêtes sociologiques vient rappeler que les jeunes ne sont plus ce qu’ils étaient. La dernière en date était sans appel. Dans Une jeunesse différente ? (1), les sociologues Olivier Galland et Bernard Roudet affirmaient : « Les jeunes adhérent plus qu’avant aux valeurs traditionnelles. On observe par conséquent un rapprochement de génération entre les 18 et les 55 ans. » Et c’est particulièrement vrai en ce qui concerne la façon dont les jeunes filles envisagent la place des femmes dans la société. Audrey en sait quelque chose.
Animatrice spécialisée dans les questions de mixité, elle exerce dans de nombreux collèges de banlieue parisienne. « Je suis frappée de voir combien, à 13 ou 14 ans, les adolescentes ont déjà intégré les stéréotypes de genre. Pour elles, les garçons sont virils, turbulents et obsédés par le sexe quand les filles sont romantiques, sensibles et très préoccupées de leur apparence. Ça n’est pas faux – surtout à cet âge-là -, mais c’est très réducteur. »
(….) Marianne