Le 115 d’Ile-de-France loue, chaque nuit, 12 000 chambres dans 550 hôtels pour accueillir des familles sans abri, les centres d’hébergement n’étant pas du tout adaptés à ce public.
«En dix ans, le recours aux nuitées hôtelières a littéralement explosé, passant, au plan national, d’un peu moins de 10 000 places en 2007, à plus de 41 000 en 2016, pour répondre, en particulier, aux besoins des familles sans abri », résume un rapport sénatorial rendu public le 14 décembre. Et le plan de résorption des nuitées hôtelières, lancé en février 2015, est un « échec absolu », estime le rapporteur spécial, le sénateur (LR) Philippe Dallier.
La facture pour l’Etat s’est élevée, en 2015, à 547 millions d’euros, deux fois plus qu’en 2011, ce qui témoigne d’un effort considérable mais malheureusement insuffisant.
L’énergique directrice du SAMU social de Paris, Christine Laconde, a décidé de passer en revue, entre novembre et décembre, l’ensemble de ce parc. Un tour de force qui mobilise tous ses salariés, administratifs compris. «L’hôtelier recevra le compte rendu avec la liste des réparations nécessaires, explique Mme Laconde. Il s’agit de leur mettre un peu la pression, avec des pénalités financières en cas de manquement grave.» […]
Les hôtels représentent désormais 35 % de la capacité d’hébergement d’urgence en Ile-de-France, pour un coût moyen de 17,50 euros par nuit et par personne (23 euros dans Paris). «Pour nous, l’hôtel, c’est une drogue dure, facile, rapide et très addictive», reconnaît la directrice du SAMU social de Paris, qui a saturé toute l’offre hôtelière à prix économique, les hôtels de préfecture comme les chaînes à prix modique, type Formule 1. […]
A quelques pas de l’Hôtel Moderne, Le Globe (le nom de l’établissement a été changé) est d’un standing supérieur : chaque chambre a sa salle de bain, des doubles vitrages et même une petite cuisine collective. Porte 103, deux jumelles de 14 ans à la chevelure de jais attendent leur maman, qui travaille comme caissière. La seule évocation de leur collège éclaire leur visage : il est, pour ces deux Sri-Lankaises, un lieu d’épanouissement où elles oublient la promiscuité dans laquelle elles vivent depuis bientôt six ans.
En face, une Congolaise vit depuis deux ans, avec son petit garçon. Un peu plus loin, un couple géorgien, venu de Tbilissi, partage depuis deux ans une chambre de 20 m2 avec son fils de 13 ans. Certains ont même un emploi stable, comme Rachid, vigile, qui habite depuis cinq ans à l’hôtel, avec son fils de 19 ans : « Je gagne ma vie, j’ai mes papiers, un CDI et je pourrais payer un appartement », assure-t-il, une pointe de lassitude dans le regard. […]
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