Depuis février, le bateau de l’ONG a secouru 10 768 naufragés entre la Libye et l’Italie. En 2017, SOS Méditerranée gardera son cap : celui de l’espérance, dans un océan d’indifférence
La photo d’Aylan Kurdi, petit Syrien mort sur une plage turque, secoue le monde et les réseaux sociaux. “Dans quelques années, les historiens jugeront les Européens sur la façon dont ils ont accueilli ceux qui fuyaient la mort”, écrit notre confrère du Monde.
Septembre 2015, encore. Une toute petite ONG, née quatre mois plus tôt entre Berlin et Marseille, décide de lever des fonds et une armée de contributeurs pour secourir les naufragés. Elle s’appelle SOS Méditerranée et l’élan citoyen qui la porte, alors que les États démontrent leur “défaillance” dans cette crise migratoire majeure, est inédit. En 45 jours, elle réunit 275 000€. En quatre mois, elle peut affréter un bateau, L’Aquarius, et le positionner entre les côtes libyennes et italiennes, sur la route la plus dangereuse du monde. Pour ces citoyens européens, désormais, “l’indignation” prendra une autre forme qu’une punchline de 140 signes sur Twitter. Il faut dire qu’aucun émoji éploré n’évite de se noyer : un gilet de sauvetage, oui. Et il coûte 10 €.
Décembre 2016, Vieux-Port de Marseille. Immobile, semée de voiliers amarrés, elle semble une douce invitation aux loisirs. C’est pourtant cette même “mort Méditerranée”, comme la nomme Thierry Fabre, directeur du Mucem, qui continue d’avaler les hommes, les femmes et les enfants, entre les côtes de l’Afrique et celles de l’Europe.
Depuis février, L’Aquarius a permis d’en secourir 10 768 : 4 000 transbordés d’autres bateaux, 6 000 directement. On ne saura jamais combien sont morts en tentant la traversée entre l’enfer libyen et les plages de Sicile.
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Merci à Pythéas