En Autriche, l’élection présidentielle est à peine passée que tous les partis repartent déjà en campagne. Car le scrutin a bouleversé le paysage politique, en dépit de la victoire du candidat des Verts, Alexander Van der Bellen, sur Norbert Hofer, pour le Parti autrichien de la liberté (FPÖ, extrême droite). Ce dernier est largement en tête des sondages (31 %) et les deux formations qui gouvernent traditionnellement l’Autriche ensemble, depuis 1945, doivent trouver le moyen, d’ici aux législatives de 2018, de réduire l’écart.
(Heinz-Christian Strache et Norbert Hofer )
La presse autrichienne spécule quotidiennement sur la tenue d’élections législatives anticipées. Elles seraient déclenchées par le départ du gouvernement des sociaux-démocrates (SPÖ, 25 %) ou des chrétiens conservateurs (ÖVP, 22 %). Dans un pays où le système à la proportionnelle intégrale oblige les partis à former des alliances pour gouverner, chacune de ces deux formations pourrait être tentée de provoquer rapidement la tenue d’un scrutin, afin de rester au gouvernement avec l’extrême droite.
Depuis 2015, le FPÖ est associé au SPÖ dans la région du Burgenland et à l’ÖVP en Haute-Autriche. Mais le chancelier de gauche, Christian Kern, et le vice-chancelier de droite, Reinhold Mitterlehner, démentent systématiquement toute velléité d’accélérer le calendrier. Alors que les « grandes coalitions » sont désormais mal-aimées des Autrichiens, ils s’emploieraient plutôt à rattraper leur retard face au FPÖ, abyssal au point d’interdire, pour la première fois, la formation d’un gouvernement gauche-droite classique après les prochaines élections. […]