La direction de l’université de Sarajevo entend interrompre les cours pendant la prière musulmane du vendredi, une décision qui a suscité de vives critiques jeudi. Cette université, la plus grande Bosnie, est publique et compte parmi ses étudiants des Serbes et des Croates.
Environ la moitié des 3,5 millions de Bosniens sont musulmans, selon les chiffres du recensement de 2013, dont les résultats ont été publiés en 2016.
«Ca ne me surprend pas», a réagi Milorad Dodik, président de la Republika Srpska, cité sur le site de la télévision publique de l’entité (RTRS). Les autorités de Sarajevo «ont récemment interdit l’alcool pour la soirée de réveillon à Sarajevo», «cela ressemble de plus en plus à un Etat islamique».
Les dirigeants de l’université ont adopté cette semaine une «recommandation» aux doyens de ses facultés, leur demandant de «ne pas prévoir d’activités académiques» pendant environ une heure et demie tous les vendredi pendant la prière du midi, la principale pour les musulmans.
Cette décision a été prise avec l’objectif de respecter «les droits de l’homme et les libertés confessionnelles», a-t-on expliqué. Le sénat de l’université demande aussi aux doyens de ne pas organiser d’activités le week-end, pendant les heures de culte des confessions catholique et orthodoxe.
Trois formations politiques de gauche et de libéraux, dont le Parti social-démocrate (SDP), ont dénoncé cette recommandation. Selon elle, avec cette décision, l’université veut «introduire des coutumes religieuses et en faire des règles de comportement à l’université de Sarajevo».
L’islam de Bosnie est traditionnellement peu rigoriste. Mais depuis la guerre intercommunautaire des années 1990, sont apparus des signes de radicalisation de sa pratique par une minorité de ses pratiquants. L’influence d’un islam venu du Golfe se fait notamment sentir.
Les dirigeants de la Republika Srpska, l’entité des Serbes de Bosnie, qui s’inquiètent régulièrement de cette évolution et en rendent responsables les chefs politiques bosniaques musulmans, ont vivement critiqué la décision de l’université.
Les autorités de Sarajevo ont en fait interdit la vente d’alcool pendant un concert dans le centre de Sarajevo, donné par une vedette locale, Dino Merlin, seul événement festif notable pour le Réveillon dans la capitale. La vente d’alcool est également prohibée par le règlement intérieur de deux centres commerciaux récemment construits à Sarajevo par des investisseurs du Golfe. Les responsables musulmans bosniaques n’ont pas réagi à la recommandation de l’université de Sarajevo.
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