Près d’une vingtaine de personnes ont manifesté silencieusement devant la préfecture de l’Eure, à Évreux, hier vers 16 h, face à une dizaine de policiers. En tête du cortège, Charly Lando et Lydie Delamare, respectivement père et belle-mère de Mala Lando.
Cet Ébroïcien âgé de 31 ans a été interpellé lors d’un contrôle mené par la Police nationale, mercredi soir, alors qu’il circulait en voiture. Les fonctionnaires ont trouvé sur lui quelques dizaines de grammes de résine de cannabis.
Mala Lando est bien plus connu dans le quartier de La Madeleine sous le surnom de Gaylor. Ce jeune congolais, une figure du quartier populaire, est l’un des rappeurs du groupe local CQTB (C’est qui ton boss ?). Le rappeur, qui bénéficie d’un soutien de ses proches et amis, porte pour nom de scène Ché.
Mais le simple contrôle a pris une autre tournure. La carte de séjour du jeune homme est périmée depuis le 9 août 2011. « C’est quelqu’un de très défavorablement connu de la police. Mais il n’a pas été poursuivi pour la détention de cannabis et l’usage de cannabis, ni pour la conduite sans permis de conduire, comme l’exige la loi », selon une source proche de l’enquête.
Le Congolais a d’abord été placé en garde à vue. Un arrêté préfectoral de reconduite à la frontière lui a été signifié. L’Ébroïcien a donc été transféré du commissariat de police vers le centre de rétention administrative de Oissel (76). Dans le quartier de La Madeleine, plusieurs habitants se sont émus de son sort et ont donc décidé de marquer leur désapprobation, en silence, à cette menace d’expulsion vers son pays d’origine. Selon ses proches, le jeune homme n’y a plus d’attaches.
Inquiets, son père et sa belle-mère craignent qu’il soit renvoyé au Congo. « C’est vrai qu’il avait un peu de cannabis avec lui mais c’est pour sa consommation personnelle. Hélas, sa carte de séjour n’était pas en règle », constate Charly Lando. Il est allé rendre visite à son fils à Oissel, hier.
Défendu par Me Madeline (cabinet Eden Avocats, à Rouen), le rappeur ébroïcien devrait passer devant le tribunal administratif ce vendredi. Si l’arrêt de reconduite à la frontière est confirmé en appel, demain, Mala Lando pourrait être renvoyé au Congo très vite.
« Nous n’avons pas eu le temps de faire plus pour lui, regrette sa belle-mère. Son avocat va nous contacter pour nous donner l’heure de son passage devant le juge. »